Racisme: nouveau plan plus efficace contre la "cyberhaine"

Edouard Philippe a dévoilé ce lundi un nouveau plan antiracisme sur la Toile - Charly Triballeau - AFP
Halte aux "torrents de boue" qui se déversent sur internet: Edouard Philippe a dévoilé ce lundi un nouveau plan contre le racisme et l'antisémitisme, avec l'ambition de mener une lutte "plus efficace" sur la Toile en contraignant les plateformes à "prendre leurs responsabilités".
L'exemple de l'Allemagne"
Ce deuxième plan, qui couvre la période 2018-2020, fait suite à un premier dispositif lancé dans un contexte de flambée des actes antisémites et antimusulmans après les attentats de 2015. Souhaitant afficher sa mobilisation sur ce dossier, le Premier ministre était flanqué de huit membres de son gouvernement ce lundi, au Musée de l'histoire de l'immigration à Paris.
S'il entend "se battre" pour imposer une nouvelle législation européenne afin de "renforcer le régime de responsabilité des opérateurs" du net, le gouvernement va aussi modifier "sans attendre" la loi française. Une mission y travaillera, avec en tête l'exemple de l'Allemagne, qui menace d'amendes pouvant aller jusqu'à 50 millions d'euros les grands réseaux sociaux s'ils ne retirent pas sous 24 heures les propos haineux.
"On ne me fera jamais croire que les réseaux sociaux seraient des espaces hors-sol. Pour moi, tout ce qui est publié et diffusé en France, est publié et diffusé en France. Et doit donc répondre aux lois de la République", a souligné Edouard Philippe.
Un réseau d'enquêteurs
L'exécutif veut également "permettre l'enquête sous pseudonyme": en s'invitant dans des espaces de discussion en ligne, les cyberenquêteurs pourront plus facilement identifier les auteurs de propos haineux. Cette mesure sera incluse dans le projet de loi sur la justice qui doit être présenté en Conseil des ministres le 18 avril.
Pour mieux prendre en compte les victimes, l'Etat va expérimenter dès septembre la création d'un réseau d'enquêteurs et de magistrats spécifiquement formés à la lutte contre la haine. L'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) étudiera la possibilité de permettre à un plaignant de qualifier lui-même le mobile raciste ou antisémite de son agression, comme c'est le cas au Royaume-Uni.
Politique prioritaire
Dans son volet éducatif, le plan prévoit la création d'une "équipe nationale d'intervention rapide" chargée "d'épauler les enseignants" confrontés à des situations conflictuelles. Plus généralement, le gouvernement promet de renforcer la formation de "l'ensemble des personnels" de l'éducation.
Ce plan bénéficiera de "moyens sanctuarisés", selon Edouard Philippe, même si une mission d'inspection de l'Etat n'a pu identifier que 40 millions d'euros sur les 100 annoncés en 2015 dans le cadre du premier dispositif. "C'est une politique prioritaire, elle est préservée", a assuré le délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcrah), Frédéric Potier.