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Procès Trierweiler : Hollande écrit à la justice

Valérie Trierweiler et François Hollande

Valérie Trierweiler et François Hollande - -

Une lettre envoyée par François Hollande au Tribunal de grande instance de Paris déclenche la polémique. Le Chef de l’État y apporte son soutien à Valérie Trierweiler, en procès contre les auteurs d'une biographie. Une entorse à la séparation des pouvoirs, selon les avocats de la défense.

Le président de la République a-t-il voulu « mettre la pression » sur le Tribunal de grande instance de Paris, qui examine ce lundi la plainte de sa compagne Valérie Trierweiler contre les auteurs d’une biographie, « La Frondeuse » ? Dans une lettre manuscrite sans en-tête, François Hollande dénonce « comme pure affabulation les passages du livre "La Frondeuse" (p. 46 et 47) concernant une prétendue lettre jamais écrite ». « L'invention ne peut être un procédé dans un essai politique sauf à être présenté comme un roman », ajoute-t-il. Dans ce passage, les auteurs affirment que François Hollande a sollicité dans un courrier Patrick Devedjian pour qu'il lui organise une rencontre avec le Premier ministre de l'époque Edouard Balladur.

« La séparation des pouvoirs a été violée »

Pour les avocats des biographes, les journalistes Christophe Jakubyszyn et Alix Bouilhaguet, ce courrier présidentiel est une violation de la séparation des pouvoirs. « La séparation des pouvoirs a été violée. Le président de la République est garant de l'indépendance de la magistrature. C'est absolument incroyable ! », a commenté Me Pardo. « L'audience va se retourner contre Valérie Trierweiler et contre François Hollande, qui avait dit qu'il n'interviendrait jamais dans les affaires de justice », a-t-il poursuivi.
L'ouvrage, dont les auteurs sont attaqués pour « diffamation et atteinte à la vie privée », évoque notamment une liaison passée entre Valérie Trierweiler et Patrick Devedjian, député UMP des Hauts-deSeine.

« Un témoignage personnel de François Hollande »

L’entourage du président de la République a réagi peu avant l’ouverture de l’audience. Selon un proche du chef de l’Etat, François Hollande n’a pas eu l’intention de « faire pression » sur la justice dans cette affaire. « On est très loin de ce qui a pu être fait dans le passé avec des pressions par voie hiérarchique via la chancellerie », a souligné cette source interrogée par l'AFP, ajoutant: « Il s'agit d'un témoignage personnel de François Hollande à travers une lettre rédigée à titre privé sur papier libre dans le cadre d'une affaire qui concerne sa compagne ».
L'avocate de Valérie Trierweiler, Me Frédérique Giffard, a nié pendant l'audience toute « pression » sur la justice de la part du président qui, a-t-elle souligné, « n'est pas partie » au procès.
Même son de cloche évidemment côté PS. La co-porte-parole du PS, Frédérique Espagnac, soulignant « qu'en aucun cas », le président « n'interviendrait dans la justice de son pays ». « S'il a jugé bon de faire (une lettre à la justice), c'est (...) qu'il avait quelque chose à dire. Il faut le prendre pour ce que c'est. C'est-à-dire une lettre qu'il a décidé de faire. Pas plus, pas moins », a ajouté la porte-parole. François Hollande « respecte la séparation des pouvoirs », a-t-elle assuré.

Manuel Valls écrit lui aussi au Tribunal

Comme le chef de l’Etat, Manuel Valls a lui aussi envoyé un courrier au tribunal, cette fois avec un en-tête du ministère de l’Intérieur. Il y « confirme » de son avoir reçu en juin l'un des auteurs. « Les propos qui me sont prêtés, dans ce livre, sont souvent approximatifs, partiels et sortis de leur contexte », y affirme le ministre, ajoutant que certains propos lui « sont attribués alors même qu'(il) ne les (a) pas tenus ». Le ministre évoque notamment le passage sur le tweet de soutien de Valérie Trierweiler à l'opposant politique de Ségolène Royal.
Valérie Trierweiler réclame 80 000 euros de dommages et intérêts et 5 000 euros de frais de justice aux auteurs, Christophe Jakubyszyn, chef du service politique de TF1-LCI, et Alix Bouilhaguet, grand reporter politique à France 2, et à leur éditeur Yves Derai.
Le tribunal a fixé au 28 janvier sa décision sur des questions de procédure soulevées par la défense, qui a demandé l'annulation de l'assignation des auteurs du livre

P.Gril avec AFP