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Pourquoi la candidature de Macron perturbe la primaire de la droite

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L'ancien ministre va déclarer sa candidature quatre jours avant le premier tour de la primaire de la droite. Une façon bien à lui d'envoyer un message à l'électorat d'Alain Juppé, qui pourrait être tenté de lui préférer le fondateur de En Marche.

Le timing a été choisi avec soin. Ce mercredi, Emmanuel Macron va déclarer sa candidature à l'élection présidentielle de 2017, dans un centre de formation pour apprentis de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Son équipe l'affirmait: le moment choisi aurait lieu entre maintenant et les vacances de Noël. En réalité, il était déjà trouvé, et précisément étudié.

Si Emmanuel Macron a choisi ce mercredi, c'est notamment parce qu'il intervient quatre jours avant le premier tour de la primaire de la droite. L'ancien ministre espère ainsi changer la donne du scrutin, et notamment déstabiliser un homme en particulier: Alain Juppé, le plus centriste des sept candidats.

Car son électorat et celui d'Emmanuel Macron sont assez proches: il réunit des centristes, des déçus du Hollandisme et des personnes, de droite comme de gauche, voulant à tout prix éviter une candidature de Nicolas Sarkozy à la présidentielle. "Perturber les équilibres et piquer un maximum de voix à Alain Juppé: une tactique totalement assumée", affirme un proche d'Emmanuel Macron à Europe 1

Macron, le vrai "vote utile"?

En se définissant comme l'alternative sociale-libérale, Emmanuel Macron enverrait donc un message à l'électorat juppéiste, ainsi qu'aux 10% d'électeurs de gauche prêts à se mobiliser pour la primaire: le "vote utile" en faveur du maire de Bordeaux n'a plus lieu d'être, puisqu'une candidature de gauche existe. En résumé: la vraie alternative à Nicolas Sarkozy, c'est lui et personne d'autre.

Un argument immédiatement contré par le camp d'Alain Juppé. Depuis l'ascension de l'ancien conseiller de François Hollande, Alain Juppé n'a de cesse de décrire la popularité d'Emmanuel Macron comme "une bulle médiatique" qui ne tiendrait pas la route sur la durée.

Mardi encore, son équipe a tenté de démontrer la solidité du candidat face au jeune Macron.

"Dans ce monde chaotique et dangereux, est-ce que quelqu'un imagine sérieusement qu'Emmanuel Macron pourrait assumer la présidence de la République?", fait ainsi mine de s'interroger Maël de Calan, porte-parole du maire de Bordeaux.

Lundi, déjà, lors d'un meeting de soutien, Valérie Pécresse s'en est pris à lui en le faisant siffler juste après Christiane Taubira et Najat Vallaud-Belkacem.

Le risque Bayrou

L'équipe d'Alain Juppé a donc du souci à se faire. Pourtant, un parlementaire proche d'Emmanuel Macron appelait plutôt de ses voeux en début de semaine une confrontation avec le maire de Bordeaux à la présidentielle. "S'il y a Juppé, il n'y aura pas Bayrou donc on aura plus d'espace", disait-il au Huffpost.

François Bayrou a effectivement annoncé de longue date son soutien à Alain Juppé pour la primaire. Mais en cas de victoire de Nicolas Sarkozy, il n'exclut pas de se présenter à la présidentielle. Or un duel d'Emmanuel Macron face à François Bayrou pourrait se révéler dangereux pour l'ancien banquier d'affaires, dont le programme flirte volontiers avec le centre. Emmanuel Macron décide donc de court-circuiter la primaire à droite en draguant ouvertement l'électorat juppéiste. Mais en faisant cela, il prend aussi le risque de faire rentrer François Bayrou dans la danse.

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Ariane Kujawski