Olivier Faure ou Nicolas Mayer-Rossignol? Les militants PS à l'heure du choix entre deux visions de l'union à gauche

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, et son adversaire au Congrès, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. - JOEL SAGET / AFP
Faut-il que le Parti socialiste cherche l'union? Oui, répondent le premier secrétaire sortant, Olivier Faure, et son rival, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, tous deux finalistes du Congrès de la formation au poing et à la rose. Mais chacun à un périmètre bien précis en tête, ce qui fait de la question de l'union de la gauche l'enjeu principal de cette élection interne, à près de deux ans de l'élection présidentielle.
Appelés à désigner leur chef ce jeudi 5 juin entre 17h et 22h, les militants du PS peuvent choisir de reconduire Olivier Faure, qui avait pris les commandes, le 7 avril 2018, sur le camp de ruines laissé par le quinquennat de François Hollande.
Sa ligne? Celle de rassembler large, mais sans La France insoumise, avec laquelle les socialistes s'étaient alliés sous ses ordres lors des élections législatives de 2022 et de 2024.
Le député de Seine-et-Marne considère que le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon sera candidat coûte que coûte. En conséquence, il prône une union de la gauche non-mélenchoniste, allant du leader de Place publique Raphaël Glucksmann à l'ex-député LFI François Ruffin, pour présenter un candidat commun.
Ne pas "s'adresser seulement à un segment de la gauche"
"Si l'orientation d'Olivier Faure n'est pas celle qui gagne ce congrès, l'idée d'une candidature commune de la gauche en 2027 s'effondre", estime la numéro 2 du PS et maire de Nantes, Johanna Rolland.
En face, ses opposants le somment de garantir une candidature sociale-démocrate à la présidentielle, alors que le premier secrétaire n'en fait pas un préalable. "Nous ne pouvons pas nous adresser seulement à un segment de la gauche, ceux qui sont les plus proches de nous", répond-il.
Une façon de contester la stratégie de son adversaire. En effet, Nicolas Mayer-Rossignol veut créer un "Grand parti socialiste", pour rassembler "ceux qui sont au PS et ceux qui sont à l'extérieur", comme Raphaël Glucksmann, Benoît Hamon ou l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve. Un espace bien moins large que celui imaginé par Olivier Faure.
Aussi, le maire de Rouen considère qu'une primaire de la gauche "n'est absolument pas la bonne façon de faire". "La primaire que souhaite Faure, c'est tellement peu opérationnel, que ça ne passera pas. La vraie primaire c'est l'opinion. Les électeurs de gauche choisiront le candidat le mieux placé", estime dans la même lignée l'eurodéputé François Kalfon.
Le troisième homme, Boris Vallaud, votera pour Faure
Nicolas Mayer-Rossignol a rassemblé autour de lui une coalition d'anti-Faure -il récuse ce terme-, de la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy à la présidente d'Occitanie Carole Delga, en passant par le député de l'Eure Philippe Brun et le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane.
Au-delà, de la seule stratégie pour la présidentielle, ces socialistes accusent Olivier Faure d'une gestion "clanique" du parti, et d'"ambiguïté" vis-à-vis de Jean-Luc Mélenchon et de La France insoumise, en dépit des distances pris par le premier secrétaire avec l'insoumis depuis quelques mois.
"Je n'ai aucun regret sur ce que nous avons fait" a répondu Olivier Faure mardi soir lors d'un meeting numérique, soulignant que lorsque que le NFP est arrivé en tête des législatives anticipées en 2024, "Nicolas Mayer-Rossignol ne le considérait pas comme une ineptie".
Dans la course qui oppose les deux hommes, Olivier Faure semble avoir une longueur d'avance. Au premier tour, il a devancé de peu l'édile rouennais (40,38%) avec 42,21% des suffrages. Surtout, le troisième homme de l'élection, le chef des députés socialistes Boris Vallaud (17,41%), a indiqué qu'il voterait pour lui lors d'une interview au Monde, même s'il a précisé qu'il s'agissait d'un "choix personnel", ne donnant aucune consigne de vote à ses soutiens.
Si rien n'est fait, les soutiens d'Olivier Faure espèrent que leur champion réussira à l'emporter plus nettement qu'au congrès de Marseille en 2023. Lors de cette élection, ce dernier affrontait déjà Nicolas Mayer-Rossignol. Après un résultat très serré, les deux camps s'étaient déchirés pendant plusieurs jours sur fond d'accusation de tricherie.
"Il faut que ce soit tranché de manière nette, pour qu'il n'y ait pas de contestation possible", anticipe déjà Dyenaba Diob, proche d'Olivier Faure.