Michel Rocard: "Sur Mitterrand, on en fait trop"

Michel Rocard, en septembre 2015. - Patrick Kovarik - AFP
Les années passent, mais Michel Rocard n'est pas tout à fait prêt à chanter les louanges de François Mitterrand. Alors que l'on commémore cette année le 20e anniversaire de la mort de l'ancien président socialiste et le 100e anniversaire de sa naissance, celui qui a été son Premier ministre entre 1988 avant d'être contraint à la démission en 1991 estime qu'il n'en mérite pas tant.
Lorsqu'on lui demandait, dans une interview réalisée lundi après-midi et diffusée mardi mardi matin sur France Inter, si on en faisait trop sur l'ex-chef de l'Etat, Michel Rocard a lancé:
"Oui. Je pense que l'histoire lointaine réglera ça."
"N'en mérite-t-il pas tant?", l'a alors relancé la journaliste Léa Salamé.
"C'est mon sentiment", a lâché Michel Rocard, avant de reconnaître, "il y a un peu de partialité là-dedans, sans doute."
Haine et mépris
Car sous l'apparente courtoisie du discours du Président et de son Premier ministre d'alors, les relations entre les deux têtes de l'exécutif étaient, hors caméras, teintées de rivalité, de mépris et même de haine, avait rappelé la réalisatrice Lucie Cariès dans un épisode de la série Duels.
En 2014, Michel Rocard avait raconté à BFMTV les coulisses de son éviction brutale de Matignon. En 1991, juste avant un conseil des ministres, le chef de l'Etat lui avait demandé sa démission:
"Je cite François Mitterrand: 'Nous sommes des gens sérieux. Je ne vous reconfirme pas pour six mois. Ou bien je vous confirme pour deux ans, mais ça change un peu mon projet, ou bien je vous demande votre démission. Maintenant, pour tout à l'heure'".
"Je réponds donc, 'Très bien, nous prévenons donc le gouvernement à l'instant'. Réponse du président, 'Non, ça ne le regarde pas.'", s'était souvenu l'ancien Premier ministre.
"Je n'ai pas ouvert la bouche du conseil des ministres, en laissant passer des trains et en regardant par la fenêtre. (...) Et puis je suis monté dans mon bureau écrire ma lettre de démission, que j'ai soignée un peu, de façon à ce qu'il soit clair qu'on me l'a demandée."