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Parti socialiste

"La rupture est inéluctable": Jérôme Guedj estime que le divorce entre LFI et le PS est "acté"

Le député socialiste Jérôme Guedj à l'Assemblée nationale le 10 février 2025

Le député socialiste Jérôme Guedj à l'Assemblée nationale le 10 février 2025 - ALAIN JOCARD / AFP

Jérôme Guedj renouvelle ses critiques envers LFI alors que les tensions, vives depuis des mois, ont été ravivées par la prise à partie du socialiste lors de deux rassemblements contre l'islamophobie puis pour le 1er-Mai. Il pointe une part de responsabilité des Insoumis, ce dont les intéressés se défendent.

Jérôme Guedj en est "convaincu". Le député socialiste, invité de France 5 ce lundi 5 mai, estime que le divorce de son parti avec LFI est "inéluctable" et même "acté". Lui, dont Jean-Luc Mélenchon fut autrefois un mentor au PS, la "vit" concrètement cette rupture.

Cela encore très récemment. Chahuté et exfiltré lors de la manifestation parisienne du 1er-Mai, de même qu'il l'avait été quelques jours plus tôt lors d'un rassemblement contre l'islamophobie, l'élu de l'Essonne y a vu l'empreinte des insoumis. Du moins les conséquences de leur discours à son encontre.

Car les passes d'armes avec les mélenchonistes se sont enchaînées en plusieurs mois, avec en toile de fond la guerre au Proche-Orient. Jérôme Guedj a reproché aux insoumis leur réaction après les attaques du Hamas le 7 octobre 2023, tandis que Jean-Luc Mélenchon n'a pas hésité à ramener ce dernier à sa confession juive, écrivant sur son blog que "l'intéressant est de le voir s'agiter autour du piquet où le retient la laisse de ses adhésions".

"Flatter les passions tristes"

Le gouffre était devenu si béant que Jérôme Guedj, fervent partisan de l'alliance de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), formée aux législatives de 2022, s'est lancé sans l'investiture de la coalition du Nouveau Front populaire (NFP) aux législatives anticipées de 2024, refusant de combattre aux côtés des insoumis. Avant de considérer quelques mois plus tard qu'il n'y aurait "plus jamais d'alliance entre le PS et LFI".

"On peut avoir des différences de degrés sur les questions économiques, les questions sociales, mais s’il n’y a pas de cadre républicain, s’il n’y a pas une cadre de la dispute apaisée, s’il n’y a pas une manière d’organiser le débat public sans verser dans la guerre civile", a énuméré l'intéressé sur France 5, comme pour illustrer le gouffre béant qui le sépare de LFI désormais.

Lors du rassemblement contre l'islamophobie, organisé après le meurtre d'Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard vendredi 25 avril, "j'’ai vu des gens au micro expliquer qu’il fallait organiser des brigades de défense autonome parce que ces gens ne croyaient plus dans la justice et la police pour protéger les musulmans", a-t-il appuyé.

Une référence aux propos tenus ce jour-là par Ritchy Thibault, collaborateur de la députée LFI Ersilia Soudais. Et Jérôme Guedj de poursuivre: "Pardon de le dire mais quand on en est à cette rhétorique là, c’est poser les ferments d’un séparatisme assumé et d’une confrontation dans la société. Ceux qui pense qu’ils vont être plus audibles en flattant ces passions tristes ou cette radicalisation, c’est dangereux et on a toutes les raisons de ne plus rien avoir à faire avec eux."

Face à la prise à partie de Jérôme Guedj lors de la manifestation du 1er-Mai, LFI avait tenu à se distancer des événements. "Merci aux médias d'arrêter de nous imputer n'importe quelle action contre un tel ou une telle dans les manifestations parisiennes", avait commenté Manuel Bompard, le coordinateur national du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, ajoutant:

"Nous ne sommes pas d'accord avec le fait que l'on règle des désaccords politiques comme cela."

Entre insoumis et socialistes, au-delà du seul Jérôme Guedj, le divorce s'est joué autour de la stratégie à adopter vis-à-vis du gouvernement de François Bayrou, les premiers reprochant aux seconds de ne pas avoir censuré le Premier ministre. Avec, en creux, deux lignes qui s'opposent en vue de la prochaine élection présidentielle.

Mais tout est une question de perspective à gauche. D'autres, comme les anciens "frondeurs" insoumis, telle Clémentine Autain, ou la secrétaire nationale des écologistes Marine Tondelier, refusent d'exclure LFI de l'équation avant la course à l'Élysée.

Baptiste Farge