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"Des crétins décérébrés": la colère de Jérôme Guedj, chahuté lors du défilé du 1er-Mai

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Violemment ciblé dans la manifestation parienne du 1er-Mai aux côtés d'autres socialistes, Jérôme Guedj est revenu sur ces événements au micro de BFMTV.

Chahuté aux côtés d'autres élus et militants socialistes lors de la manifestation parisienne du 1er-Mai, le député PS Jérôme Guedj est revenu sur cet incident au micro de BFMTV ce jeudi dans la soirée.

"Des gens agressifs, virulents, sont d'abord venus nous insulter", a-t-il expliqué, précisant que ces derniers les ont accusés d'"être des complices du génocide (à Gaza)", des "collabos" ou encore "des soutiens d'Emmanuel Macron". "Et puis après ils sont passés à la violence."

Selon un journaliste de l'AFP, des manifestants habillés de noir, certains portant des drapeaux antifas, ont vivement bousculé des élus et militants PS. "Tout le monde déteste le PS", ont scandé les intéressés, hostiles à la présence du parti au poing et à la rose dans le cortège.

"Des crétins décérébrés"

En tout, il y avait environ "20-30 personnes", d'après Jérôme Guedj, également interrogé par l'AFP. "Elles ont frappé des gens et ont mené une charge en jetant plusieurs bombes agricoles", a-t-il précisé.

Dénonçant une attaque "absolument lamentable" et "inacceptable", le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a fait état sur BFMTV de quatre blessés légers parmi les socialistes. Des "dépôts de plaintes sont en cours", a précisé le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, jeudi sur X.

Dimanche, Jérôme Guedj avait déjà dû quitter un rassemblement contre l'islamophobie - organisé en marge du meurtre d'Aboubakar Cissé, tué vendredi dernier à coups de couteau dans une mosquée du Gard - après avoir essuyé des invectives aux relents antisémites.

"On a vu (ce jeudi) après-midi, comme je l'ai vu dimanche dernier à l'hommage pour Aboubakar Cissé, certains qui préfèrent diviser, violenter, stigmatiser, parfois essentialiser et donc être dans le contraire de la concorde nationale. Moi, je suis un universaliste républicain attaché au dialogue, au débat, à la discussion. Je méprise évidemment ces crétins décérébrés qui viennent attaquer, violenter", a déclaré l'élu de l'Essonne sur BFMTV.

"Pompiers pyromanes"

Les auteurs de l'incident ne sont pas les seuls dans son viseur. Jérôme Guedj s'en est également pris à "celles et ceux qui d'une certaine manière les arment par leurs mots, par leur silence", en les dépeignant comme des "pompiers pyromanes". Une référence, notamment, à La France insoumise.

S'il n'a "pas vu" de militants du parti de Jean-Luc Mélenchon parmi les auteurs de l'incident ce jeudi, Jérôme Guedj en a "reconnu" dimanche lors du rassemblement contre l'islamophobie. "Tout cela est cohérent avec la détestation qu'ils ont envers les socialistes et plus précisément à mon endroit", a estimé le parlementaire.

Ancien compagnon de route de Jean-Luc Mélenchon, du temps où ce dernier était au PS, Jérôme Guedj s'oppose vivement aux insoumis, qui le lui rendent bien, depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Les désaccords sont tels que le socialiste a refusé l'investiture du Nouveau Front populaire aux dernières élections législatives. Il affirmait même en février dernier qu'il n'y aurait "plus jamais d'alliance entre le PS et LFI".

Plus généralement, les relations sont devenues glaciales entre les deux formations après des semaines de désaccords autour de la stratégie à adopter vis-à-vis du gouvernement, chacun jouant sa propre carte en vue de la prochaine présidentielle.

LFI a tenu à se distancer des événements de ce jeudi. "Merci aux médias d'arrêter de nous imputer n'importe quelle action contre un tel ou une telle dans les manifestations parisiennes", a commenté Manuel Bompard, le coordinateur national du mouvement de Jean-Luc Mélenchon.

Sans néanmoins assortir cette mise au point d'une ferme condamnation des violences ou d'un message de soutien: "Nous ne sommes pas d'accord avec le fait que l'on règle des désaccords politiques comme cela."

"Faute morale" de Marine Tondelier

Les reproches de Jérôme Guedj ne s'arrêtent pas aux insoumis. Au micro de BFMTV, le député s'est également arrêté sur la réaction de Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, à l'issue de l'incident.

Et plus précisément sur l'une de ses déclarations sur RTL. "Est-ce que l'on peut parler d'un antisémitisme d'extrême gauche", a demandé la radio à Marine Tondelier, alors que plusieurs responsables socialistes font état d'insultes antisémites. "Je ne vais pas répondre à cette question", a rétorqué l'écologiste.

Avant de finalement développer:

"Je suis embêtée parce que personne ne doit être évincé des manifestations, mais je vois aussi comment Jérôme Guedj donne rendez-vous, vient avec vingt journalistes (...) Jérôme Guedj a mon soutien comme tous les militants du Parti socialiste, mais je pense qu'il faut faire attention à ne pas faire du 1er-Mai la revue de presse des incidents. La vérité est que pour plein de militants, de travailleurs, de synidcalistes, c'était une belle journée avec des manifestations qui se sont bien passées dans lesquelles tout le monde doit trouver sa place."

"Les socialistes ont leur place dans les manifestations. Pas les violences. Soutien", avait également réagi la patronne des Écologistes dans un tweet.

"J'ai un peu honte pour Marine qu'elle ne soit pas capable de répondre à cette question" sur l'antisémitisme, a ensuite déploré Jérôme Guedj sur BFMTV, parlant d'une "faute morale". "Hélas, il y a de l'antisémitisme partout. Il y en a aussi à l'extrême gauche et malheureusement aujourd'hui il y en a surtout à l'extrême gauche", a-t-il estimé.

Marine Tondelier présente des "excuses"

Ce vendredi, Marine Tondelier est revenue sur ses propos au micro de RTL, présentant sur X ses "excuses auprès de toutes celles et ceux que l'imprécision de (s)a réponse a pu heurter".

"J’ai été surprise par la manière dont la question m’a été posée hier faisant un lien entre deux événements sur lesquels je n’avais pas toutes les informations, ayant moi-même manifesté à Dunkerque", écrit-elle.

L'écologiste répète que les "socialistes ont leur place dans les manifestations", indiquant avoir "essayé" d'appeler Jérôme Guedj "ce matin". "Quant à savoir s'il existe un antisémitisme d'extrême gauche, la réponse est oui. Comme dans l'ensemble de la société d'ailleurs. J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer plusieurs fois sur le sujet, et maintient qu'il faut le combattre partout et tout le temps", ajoute-t-elle.

Dans un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), publié le 27 juin 2024, on peut lire qu'il "existe de l'antisémitisme à gauche, tout particulièrement à la gauche de la gauche, chez les proches des Insoumis et d’EELV notamment. Mais à un niveau inférieur à la moyenne de l’échantillon, et sans comparaison avec celui observé à l’extrême droite et chez les proches du Rassemblement national."

"Quant au positionnement politique des antisémites ainsi définis, il reste plus marqué à droite qu’à gauche et continue à battre des records à droite et plus particulièrement à l’extrême droite", précise le document de cette agence publique chargée de l'évaluation de la politique de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie depuis 1990.

Baptiste Farge