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Cannabis: deux députés, un macroniste et un insoumis, proposent sa légalisation dans un rapport

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Les députés Antoine Léaument (LFI) et Ludovic Mendes (EPR) mettent sur la table pas moins de 60 propositions dans un rapport sur la lutte contre le trafic de stupéfiants, dont la légalisation du cannabis, mesure s'inscrivant à l'inverse de la politique voulue par le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau.

Serpent de mer des débats politiques, la légalisation du cannabis revient sur le devant de la scène. Le député macroniste Ludovic Mendes et son homologue insoumis Antoine Léaument prônent cette mesure dans un rapport parlementaire, dont ils remettent les conclusions ce lundi 17 février.

Ils souhaitent même qu'elle fasse l'objet d'un référendum, alors qu'Emmanuel Macron a ouvert la voie à ce type de dispositif lors de ses vœux pour l'année 2025, sans trancher toutefois sur les sujets pour lesquels les Français pourraient être consultés.

Une idée également poussée par le maire de Grenoble Éric Piolle (Les Écologistes), mais rejettée par le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui a lancé récemment une campagne pour "culpabiliser" les consommateurs.

Faut-il légaliser le cannabis? Un rapport en ce sens présenté ce lundi fait débat
Faut-il légaliser le cannabis? Un rapport en ce sens présenté ce lundi fait débat
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En tout, Antoine Léaument et Ludovic Mendes mettent sur la table pas moins de 60 propositions, selon les informations du Parisien. Les deux parlementaires préconisent, par exemple, d'encadrer la culture et le commerce du cannabis à l'aide d'une instance publique, comparable à l'agence nationale des jeux, qui régule aujourd'hui paris et jeux d'argent.

Il est également question de dépénaliser la détention de moins de trois grammes de cocaïne. Ou encore de s'attaquer à la corruption dans le domaine privé et proposer en ce sens la création d'un statut de lanceur d'alerte.

"Santé publique"

Leur objectif? "changer de paradigme", selon Ludovic Mendes (Ensemble pour la République), interrogé par BFMTV ce lundi. Autrement dit, "passer d'un côté sécuritaire à un côté santé publique". "L’idée est de faire un peu ce qu’a fait le Portugal, qui avait un gros problème de consommation d’héroïne. Depuis qu’il a dépénalisé les drogues (en 2001, NDLR), il y a un meilleur accompagnement en termes de santé publique", résume le député de Moselle.

Par ailleurs, "ce n’est pas parce que l’on dépénalise que vous ne serez pas saisi. C’est juste que vous n’aurez pas d’amende, vous ne passerez pas devant le juge. C’est ça la différence, pour mieux être accompagné en termes de lutte contre les addictions", précise-t-il. Tout en soulignant l'impact d'un marché légal qui donnerait "moins de puissance aux narcotraficants".

Ludovic Mendes assume sa divergence avec Beauvau. "Depuis 30 ans, on explique que chacun se donne les moyens, on a eu le droit à la tolérance zéro de certains ministres de l’Intérieur, malgré tout on a toujours ce débat aujourd’hui", déclare-t-il, relevant que "les chiffres démontrent qu'il n'y a pas de baisse de la consommation" de drogues.

"On est déjà dans une consommation de masse"

Insuffisant pour convaincre Benjamin Camboulives, porte-parole du syndicat Alternative police CFDT. La légalisation du cannabis est tout simplement "la pire des solutions", selon lui. "Vous n'allez pas arrêter le trafic de stupéfiants parce que vous légalisez. Il y aura toujours un interdit à franchir, et il y aura toujours pire à vendre sur le marché parallèle", juge-t-il sur BFMTV.

Même tonalité pour le sénateur LR Étienne Blanc, co-auteur d'une proposition sur le narcotrafic avec le socialiste Jérôme Durain.

"La tolérance dans la consommation de stupéfiants, c'est à mon avis une très très grosse erreur. On va développer la consommation, donc on va développer les problèmes", estime-t-il.

Un argument qui ne tient pas, selon Bernard Basset, président de l'association Addictions France. "Quand on a 4 millions de consommateurs de cannabis, on est déjà dans une consommation de masse. Je ne crois pas que lever l'interdit entraînera une plus grande consommation", oppose-t-il.

Chloé Giraud avec Baptiste Farge