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Caméras à l'école, "couteaux zombies" interdits... Naïma Moutchou détaille son plan face au fléau des armes blanches chez les mineurs

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La vice-présidente de l'Assemblée nationale, Naïma Moutchou, invitée de BFMTV-RMC ce jeudi 29 mai, souhaite l'instauration de caméras et l'interdiction des téléphones portables dans les écoles ou encore l'interdiction à la vente de certaines armes afin de lutter contre les violences par armes blanches chez les mineurs.

"Une tendance qui est inquiétante". Après "une succession de drames" - de l'attaque au couteau dans le lycée Notre-Dame de Toutes-Aides de Nantes à la mort de Matisse à Châteauroux - la vice-présidente de l'Assemblée nationale, Naïma Moutchou, détaille sur BFMTV-RMC ce jeudi 29 mai son rapport sur les mineurs et les armes blanches.

"Vous avez ce phénomène ou des adolescents tuent ou blessent d'autres adolescents avec des armes blanches", regrette la députée Horizons du Val-d'Oise présentant des chiffres "sans appel".

Elle affirme que plus de 6.500 armes ont été saisies en 2024 dans l'agglomération parisienne, "c'est plus qu'avant". "Depuis 2016, 20% des mis en cause pour le port d'une arme sont des mineurs", abonde Naïma Moutchou, "soit près de 3.000 jeunes par an". "On ne peut pas accepter qu'un établissement scolaire soit un lieu de violence", martèle-t-elle.

"Je crois à l'intérêt de la vidéosurveillance"

La députée souhaite dans un premier temps interdire à la vente les "couteaux zombies", tant pour les mineurs que pour les majeurs en classant cette arme en catégorie A. Elle déplore la possibilité de se procurer ce type de couteau en magasins ou en quelques clics sur internet pour quelques dizaines d'euros et en quelques heures.

La vice-présidente de l'Assemblée, Naïma Moutchou sur le plateau de BFMTV-RMC ce jeudi 29 mai 2025
La vice-présidente de l'Assemblée, Naïma Moutchou sur le plateau de BFMTV-RMC ce jeudi 29 mai 2025 © BFMTV

Outre l'interdiction pure et simple des "couteaux zombies", l'élue veut contrôler la vente aux mineurs des autres armes blanches, comme les opinelles ou les machettes.

"On peut imaginer l'obligation de présenter une carte d'identité pour acheter un certain type de produits", recommande la vice-présidente de l'Assemblée nationale. "On interdit les couteaux extrêmement dangereux et pour les autres, on les contrôle".

Autre mesure préconisée: la mise en place de la vidéosurveillance dans les établissements scolaires. "Je crois à l'intérêt de la vidéosurveillance", affirme Naïma Moutchou tout en reconnaissant que "ce n'est pas la panacée". "C'est un outil supplémentaire, il ne faut se priver d'aucun moyen", déclare-t-elle.

La députée du Val-d'Oise appelle également à "une justice pénale immédiate et systématique". "Il faut absolument un défèrement systématique pour les profils les plus dangereux", ajoute-t-elle appelant la justice à "frapper fort" et à "être au rendez-vous" pour notamment lutter contre la récidive.

L'élue souhaite aussi une "généralisation de la pause numérique" dans les établissements scolaires, soit l'interdiction des téléphones portables. Naïma Moutchou pointe du doigt "l'impact des réseaux sociaux, des messageries cryptées" qui sont "un amplificateur de la violence" et "un déclencheur de tensions".

"N'importe quel territoire aujourd'hui est concerné"

L'élue précise qu'il n'y a pas "un profil de mineurs qui porte une arme". Certains sont "dans une logique d'autodéfense" en raison d'un "harcèlement" ou d'une "exposition à la violence sur les réseaux sociaux" quand d'autres sont "dans une logique de rixes, de bande".

"N'importe quel territoire aujourd'hui est concerné", précise-t-elle pointant du doigt "un problème complexe".

Benjamin Camboulives, porte-parole du syndicat Alternative police, a relevé en mars dernier auprès de BFMTV.com "un rajeunissement des auteurs", "avec de très jeunes qui ont 12 ou 13 ans". Il a aussi noté "un phénomène d’hyper réactivité et susceptibilité qui font qu’ils vont sortir leur couteau pour trois fois rien".

"Le couteau est une arme facile que les jeunes ne voient pas forcément comme telle, mais qui le devient à un moment donné", a expliqué au même moment, Thierry Delcourt, psychiatre spécialisé en pédopsychiatrie et expert auprès des tribunaux.

Jean-Rémi Girard, président du syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur (Snalc) a tempéré la situation de son côté. "On n'assiste pas à une explosion de la présence d'armes blanches", a-t-il précisé tout en reconnaissant la difficulté "à quantifier". "L'école est un lieu où élèves sont plus en sécurité à l'intérieur qu'à l'extérieur", a avancé le président du syndicat.

Juliette Brossault