Barnier menacé de censure: électricité, impôts sur les très riches... Ce que réclament le RN et la gauche

Michel Barnier à l'Assemblée nationale le 26 novembre 2025 - Bertrand GUAY / AFP
Un dernier espoir. Face à la gauche et le Rassemblement national qui agitent le spectre de la motion de censure contre Michel Barnier dès la semaine prochaine sur le budget de la sécurité sociale, le gouvernement pourrait lâcher du lest sur plusieurs points. Mais dans un contexte d'économies tout azimuts, Bercy renâcle.
Parmi les "lignes rouges" fixées par Marine Le Pen à sa sortie d'un rendez-vous à Matignon lundi, on trouve par exemple la hausse des taxes sur l'électricité. Sans cette augmentation, les Français auraient pu espérer une baisse de leur facture d'au moins 20%.
"Un geste sur l'électricité" dans les tuyaux"
Un vrai casus belli donc pour la présidente des députés RN qui s'est fait le chantre de la défense du pouvoir d'achat ces dernières années.
Le ministre de l'Économie a tendu la main ce jeudi matin sur BFMTV. Antoine Armand a indiqué être "prêt à un geste sur l'électricité", sans évoquer cependant de chiffrage précis.
Si Marine Le Pen demande la suppression totale de ces nouvelles taxes, le locataire de Bercy refuse que cela se "fasse à n'importe quel prix". La mesure a le mérite de rapporter au moins 3 milliards d'euros dans les caisses de l'État.
L'indexation totale des retraites sur l'inflation peu probable
Second point de blocage avec le RN: la non-indexation des pensions de retraite sur l'inflation dès le 1er janvier. Laurent Wauquiez, le patron des députés LR, a déjà obtenu un aménagement de la mesure. Les retraites seront partiellement revalorisées dès janvier avant une seconde hausse en juillet pour les pensions inférieures au SMIC mais la mesure n'est pas suffisante pour Marine Le Pen.
Elle a déjà jugé ce "compromis inadmissible". Le gouvernement estime pourtant avoir fait un geste d'ampleur. La désindexation des pensions de retraite devait permettre à l'État de gagner 4 milliards d'euros. Après les annonces de Laurent Wauquiez, elle ne devrait finalement faire économiser que 3 milliards.
Dernière "ligne rouge": la baisse du remboursement des médicaments de 5%. Cette mesure n'est pas écrite dans le budget de la sécurité sociale mais serait actée par arrêté ministériel, favorisant sur le papier un éventuel recul du gouvernement. Pour l'instant, le sujet n'est pas sur la table. Il permettrait cependant d'économiser 900 millions d'euros.
Exit "le concours Lépine fiscal" de la gauche
La gauche n'est pas non plus en reste. Pour ne pas voter la motion de censure qui pourrait faire tomber Michel Barnier, elle pousse le gouvernement à adopter un budget "qui répond aux besoins des Français" pour répondre des termes d'Éric Coquerel, le président insoumis de la commission des FInances.
Parmi les critères qui permettraient au Nouveau front populaire de soutenir un budget qu'il jugerait compatible avec son positionnement, on trouve bien sûr de nombreuses mesures votées dans l'hémicycle sous son impulsion.
Parmi celles-ci, on trouve par exemple un impôt pérenne pour les plus riches, loin de la contribution exceptionnelle sur les très aisés souhaité par Michel Barnier. On trouve également l'augmentation de la fiscalité sur les revenus du capital ou encore un nouvel impôt sur le patrimoine des milliardaires.
"Le budget ainsi profondément transformé à l’Assemblée nationale sous notre impulsion permettait d’améliorer les conditions de vie de la très grande majorité des Français en faisant reposer l’effort sur les seuls plus fortunés", ont ainsi écrit les ténors de la gauche dans une tribune dans Le Monde publiée la semaine dernière.
Pour l'instant, le gouvernement ne compte reprendre à son compte aucune proposition de la gauche. Michel Barnier avait dénoncé en pleine étude du budget à l'Assemblée nationale "le concours Lépine fiscal" de la gauche.
Utiliser des arguments politiques plus que budgétaires
Plus que du lâcher du lest sur des mesures budgétaires, les ministres de Michel Barnier tentent désormais de mettre la pression politiquement sur les oppositions. La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a pointé mercredi "la responsabilité inouïe" des socialistes si la gauche déposait une motion de censure.
Sans les députés d'Olivier Faure, la motion de censure a beaucoup moins de chances d'être adoptée, comme l'a déjà souligné Emmanuel Macron.
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a tenté de son côté de convaincre les députés RN de ne pas soutenir la motion de censure déposée par la gauche. "Je ne crois pas que Marine Le Pen accepte de mêler ses voix à celle de LFI", a lâché mardi le locataire de la place Beauvau.
Sans convaincre. "Les institutions et la réalité démocratique vous imposent de voter des choses parfois avec vos ennemis politiques. C'est comme ça", a assumé le député RN Jean-Philippe Tanguy au micro de BFMTV mercredi.