Paris accueillera la Maison de l'histoire de France, dit Sarkozy

par Yann Le Guernigou
LES EYZIES-DE-TAYAC, Dordogne (Reuters) - Nicolas Sarkozy a annoncé dimanche que les Archives nationales à Paris accueilleraient le siège de son projet de "Maison de l'histoire de France".
En visite dans le Périgord pour le 70e anniversaire de la découverte de la grotte de Lascaux, le chef de l'Etat a indiqué que cet établissement ne serait pas isolé mais s'incarnerait "dans un réseau de musées" emblématiques comme celui de la préhistoire, aux Eyzies-de-Tayac.
Des musées comme Saint-Germain-en-Laye (archéologie), Cluny (Moyen-Age), Ecouen (Renaissance), Fontainebleau et Compiègne de même que le Musée de l'Homme à Paris ou le futur musée des Civilisations de la Méditerranée à Marseille sont également concernés.
"Ces musées constitueront le premier cercle d'un réseau appelé à tisser des liens" avec le millier de musées d'histoire existants à travers la France, a-t-il expliqué.
"Il faudra un lieu pour incarner la Maison de l'histoire de France, un siège qui soit emblématique de notre histoire, tout en étant pratique et en évitant les choix trop coûteux", a-t-il ajouté, en annonçant qu'il avait retenu le quadrilatère regroupant les hôtels de Soubise et de Rohan, dans le quartier parisien du Marais.
Anticipant cette annonce, l'intersyndicale des Archives nationales avait écrit à Nicolas Sarkozy pour exprimer son hostilité à cette initiative en plaidant le manque de place dans les bâtiments existants.
Le président de la République a dit souhaiter que le futur établissement, dont il avait évoqué la création début 2009, puisse organiser dès la fin de l'an prochain sa première grande exposition et que les jardins des hôtels de Soubise et de Rohan soient ouverts au public.
"PROTECTEUR DE LA CULTURE"
Il a défendu l'investissement dans le patrimoine, qu'il soit public -- le plan de relance de 2008 prévoyait quatre milliards d'euros sur dix ans pour financer des opérations de restaurations -- que privé.
Soulignant que l'Etat n'avait ni les moyens, ni la volonté de tout faire dans ce domaine, il a assuré qu'il préserverait une fiscalité favorable pour l'entretien du patrimoine privé, utilisant pour cela un ton solennel.
"En France, le chef de l'Etat doit être le protecteur de la culture, le protecteur des artistes, le protecteur des chercheurs. On ne peut pas être soumis aux seules forces du marché et de l'immédiateté. Je crois beaucoup à l'investissement dans le patrimoine et à la fiscalité incitative."
Nicolas Sarkozy avait débuté son déplacement en Dordogne par la visite à Montignac de la grotte de Lascaux, la "chapelle Sixtine de la Préhistoire", célèbre pour ses peintures rupestres vieilles de 17.000 ans.
Accompagné notamment de son épouse Carla et du fils de celle-ci, ainsi que du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, il a passé près d'une heure dans ces lieux fermés au public depuis 1963 pour éviter les altérations de ses oeuvres.
"On a eu l'impression de rentrer dans une cathédrale", a-t-il dit par la suite à Montignac, où il a dévoilé une plaque marquant le 70e anniversaire de la découverte de Lascaux.
"C'est quelque chose qui nous a bouleversé et on a ressenti profondément Carla et moi le privilège extrême de rentrer dans la grotte de Lascaux."
Avant lui, François Mitterrand avait lui aussi pu visiter Lascaux quand il était à l'Elysée, à l'occasion du 50e anniversaire de son "invention".
Une centaine de personnes ont manifesté dans le calme à Montignac à l'appel des syndicats et de partis de gauche pour la venue du chef de l'Etat. Sur l'une de leurs banderoles, on pouvait lire : "Je croyais que les privilèges avaient été abolis. Si la grotte est fermée, qu'elle le soit pour tous !"
Edité par Thierry Lévêque