Organisation de l'islam: un rapport pointe le rôle des musulmans et les limites de l'Etat

Des fidèles musulmans quittent la mosquée après la prière, le 22 janvier 2016 à Fréjus (Var) - BORIS HORVAT, AFP/Archives
L'Etat ne doit pas organiser l'islam en France, qui relève de la responsabilité des musulmans, souligne le rapport publié mercredi d'une mission d'information sénatoriale préconisant une limitation de l'influence des pays d'origine et une transparence des financements.
Formation des imams, financement des mosquées, marché du halal... Les rapporteurs de la mission d'information sur l'organisation de l'islam en France, Nathalie Goulet (UDI) et André Reichardt (LR) font des recommandations dans le respect, soulignent-ils, de la loi de séparation des cultes et de l'Etat.
"L'Etat ne doit pas prendre d'initiative"
"Nous avons été volontairement prudents sur les préconisations. Si on veut être conforme à la loi de 1905, l'Etat peut encadrer, aider, accompagner, mais il ne doit pas prendre des initiatives", a expliqué à l'AFP la sénatrice de l'Orne. "Si c'est pour faire le concours Lépine des idées les plus crétines, on est tous capables de le faire", a ajouté la rapporteur, sans citer les initiatives qui ont fleuri à droite sur le sujet, comme la "concorde" de Gérald Darmanin ou le "code de la laïcité et des cultes" de Jean-François Copé.
Cette mission présidée par Corinne Féret (PS, Calvados) est plutôt critique sur l'action de l'Etat face à l'islam, deuxième religion de France, dont les fidèles forment la première communauté musulmane d'Europe, estimée à plus de 4 millions de membres, selon les statistiques reprises dans le rapport.
"Oligopole" sur le halal
La mission observe également avec circonspection la perspective d'une "taxe halal", en relevant qu'elle n'est "envisageable que si elle est mise en place par les représentants du culte eux-mêmes comme une redevance privée pour services rendus, à l'image de la cacherout" juive. Elle conteste l'"oligopole" sur ce marché de trois mosquées (Paris, Evry, Lyon) qui, "par l'opacité de son fonctionnement, semble susciter beaucoup de méfiance de la part de la communauté musulmane".
"L'islam est compatible avec la République, il faut juste qu'il s'organise. Mais le législateur ne peut pas y participer, ou alors on change la loi de 1905, et ça il n'en est pas question", conclut Nathalie Goulet, dont le rapport a été adopté "à l'unanimité moins une abstention", celle de David Rachline (FN).