"Nuit debout": Cambadélis veut y voir un "printemps de la re-politisation"

Opération "Nuit Debout", place de la République à Paris, le 2 avril 2016. - Dominique Faget - AFP
Étudiants, travailleurs et précaires, ils étaient 2000, selon les organisateurs, à être réunis dimanche place de la République à Paris pour passer une quatrième nuit de débats, expression d'un ras-le-bol et de nouvelles aspirations. Notamment mobilisé contre la loi Travail, le mouvement "Nuit debout" a été salué lundi par différents hommes politiques, qui préfèrent y voir là l'expression d'une jeunesse engagée.
Jean-Christophe Cambadélis, qui a été faire un tour dimanche sur la place parisienne sans y être reconnu, a estimé dans L'Opinion que le mouvement représente une "bonne nouvelle", saluant des "prises de paroles" dans lesquelles il voit "le printemps de la re-politisation". "Je trouve que c'est moins sectaire que notre débat politique, a salué le premier secrétaire du Parti socialiste. Toutes les idées sont admises." Le député PS de Paris a tout de même considéré que l'occupation de la place de la République ne pouvait durer en raison d'un "problème de sécurité".
"Du rêve et de l'envie, tant mieux"
"Place de la République, il y a des discussions [...], a également salué l'élu socialiste Julien Dray. J'ai comme toujours pris le temps d'aller voir, il y a des choses qui se disent, il y a du rêve, tant mieux, de l'envie, tant mieux." Le conseiller régional PS d'Ile-de-France, proche de François Hollande, a tout de même nuancé la portée du mouvement, estimant qu'il "ne faut pas non plus surestimer ce qui est en train de se passer".
Avec des revendications éparses comme celles d'un "salaire à vie", de la "baisse des hauts revenus", ou d'une "démocratie par tirage au sort", le mouvement "Nuit debout" est né dans la foulée des rassemblements syndicaux, étudiants et lycéens qui demandaient le retrait du projet de loi sur le travail.
El Khomri attentive à ces exaspérations
Directement visée dans ce mouvement, donc, la ministre du Travail, Myriam El Khomri, a estimé lundi que cette mobilisation ne pouvait être ignorée puisqu'elle exprime "une volonté de lutter contre la précarité". "Notre pays vit depuis 30 ans un chômage de masse, donc il faut entendre ces exaspérations-là", a-t-elle déclaré sur LCP "
Et d'ajouter: "Je reste attentive à toutes les interpellations, quelles qu'elles soient, issues de la mobilisation qu'il y a eu la semaine dernière, celle qui s'exprime aussi Place de la République, comme celle qui s'exprime aussi des syndicats dits réformistes qui soutiennent certaines avancées de cette loi".
Hollande "entend" mais défend la loi Travail
Alors qu'il visitait une start-up de Boulogne-Billancourt qui fabrique des objets connectés, Netatmo, François Hollande a réassuré lundi le soutien qu'il porte à sa ministre. Assurant qu'il ne voulait pas d'un "pays de précarité" mais d'un pays en "mouvement", le chef de l'Etat a déclaré voir dans ce projet de loi "un progrès pour lutter contre la précarité, [...] un progrès pour l'embauche de jeunes et notamment en CDI, un progrès pour la formation à travers le compte personnel d'activité".
"Il y a toujours des inquiétudes chaque fois qu'il y a un texte en discussion et notamment sur des enjeux aussi essentiels que le travail", a-t-il observé, enchaînant: "Il y a toujours des mobilisations qui peuvent à un moment apparaître dans des forme parfois nouvelles". Mais "ce qui compte c'est de les entendre et de pouvoir donner les réponses et donner d'abord l'information", a-t-il encore souligné.