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Politique

Nicolas Sarkozy réaffirme les liens de la France avec Andorre

Nicolas Sarkozy en compagnie du chef du gouvernement social-démocrate d'Andorre, Jaume Bartumeu Cassany (à gauche) et du chef du parlement andorran, Josep Dalleres Codina. Lors d'une visite de deux heures et demie dans la principauté dont il est co-prince

Nicolas Sarkozy en compagnie du chef du gouvernement social-démocrate d'Andorre, Jaume Bartumeu Cassany (à gauche) et du chef du parlement andorran, Josep Dalleres Codina. Lors d'une visite de deux heures et demie dans la principauté dont il est co-prince - -

par Emmanuel Jarry ANDORRE-LA-VIEILLE (Reuters) - Nicolas Sarkozy a réaffirmé jeudi les liens de la France avec Andorre, ex-paradis fiscal dont il...

par Emmanuel Jarry

ANDORRE-LA-VIEILLE (Reuters) - Nicolas Sarkozy a réaffirmé jeudi les liens de la France avec Andorre, ex-paradis fiscal dont il avait menacé en 2009 de ne plus être co-prince si cette principauté adepte du secret bancaire ne s'amendait pas.

Lors d'une visite de deux heures et demie, le président français a jugé "considérables" les progrès de ce micro-Etat montagneux de 468 km2 et 84.000 habitants enclavé entre France et Espagne, en matière de transparence bancaire et fiscale.

La crise financière et économique de 2008-2009 a montré la nécessité de bâtir un "nouveau modèle de capitalisme plus juste, plus solide", a fait valoir Nicolas Sarkozy dans un discours à la "Maison des Vallées" - le Parlement andorran.

"Dans ce nouvel équilibre, la transparence des activités financières et la lutte contre les paradis fiscaux sont déterminantes", a-t-il poursuivi. "Est-ce qu'on peut construire quelque chose de sérieux sur la fraude, sur l'opacité, sur la bulle spéculative ?"

Il a souhaité que la principauté, vieille de sept siècles, qui n'est dotée d'une Constitution que depuis 1993, endosse "pleinement les responsabilités qu'implique son appartenance à la communauté internationale" et poursuive ses efforts.

Il a proposé à Andorre de négocier une convention fiscale bilatérale afin d'éviter les doubles impositions, alors que les autorités andorrannes préparent une réforme fiscale visant à mettre leur pays en conformité avec les normes européennes, notamment en matière d'imposition directe.

Nicolas Sarkozy a tenu un discours analogue un peu plus tard, devant les notables et quelque 2.000 habitants sur la Plaça del Poble, dans le centre historique d'Andorre-la-Vieille, après un mini bain de foule.

La presse et les dirigeants andorrans n'ont pas manqué pour leur part de rappeler combien la menace du président français d'abdiquer ses fonctions de co-prince, en mars 2009, avait irrité la population de la principauté et leurs élus.

"LA BONNE VOIE"

"Je considérai que ce n'était pas au co-prince d'intervenir", a souligné le président du Parlement, Josep Dallerès, à la Maison des Vallées.

Il a cependant admis que l'intervention du président français avait amené les dirigeants andorrans à "réagir". Ce que le chef du gouvernement social-démocrate d'Andorre, Jaume Bartumeu Cassany, a confirmé plus tard.

"Vous nous avez indiqué la bonne voie (...) en février 2009 lorsque vous nous avez fermement recommandé que l'Andorre rectifie sa position sur l'échange d'informations en matière fiscale", a-t-il déclaré sur la Plaça Del Poble.

Andorre, dont la langue officielle est le catalan, a été longtemps sur la liste des paradis fiscaux montrés du doigt par l'Organisation de coopération et de développement économiques.

La principauté a signé depuis un an 17 conventions d'échange d'informations fiscales, notamment avec la France, et adopté une loi levant partiellement le secret bancaire (en cas de requête d'autorités étrangères). Elle est ainsi sortie de la "liste grise" de l'OCDE.

Andorre a aujourd'hui des airs de paradis perdu, avec ses agglomérations aux innombrables hôtels, aux magasins et aux rues désertés par les touristes, qui venaient il y a peu encore en masse profiter de prix attractifs grâce à une fiscalité très accommodante - une clientèle à 70% espagnole et à 30% française.

Les trois moteurs de l'économie locale que sont le commerce et le tourisme (60%) et les activités financières (16%) sont frappés de plein fouet par la crise en France et en Espagne.

Nicolas Sarkozy a assuré qu'il prenait "très au sérieux" les responsabilités de co-prince d'Andorre, qu'il partage avec l'archevêque espagnol d'Urgell. "Ce n'est pas du folklore. La principauté n'est pas une entité folklorique."

Selon la presse locale, de nombreux Andorrans regrettent qu'il ne se soit pas plié à la tradition qui veut que le co-prince français fasse la tournée des sept "paroisses" de la principauté (les sept vallées qui constituent autant de territoires administratifs).

"Vous n'êtes pas seuls, nous sommes vos amis", a néanmoins déclaré Nicolas Sarkozy. "La France sera à vos côtés."

Edité par Sophie Louet