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Politique

Nicolas Sarkozy a-t-il un avatar ?

« Les coulisses de la politique », tous les matins à 7h20 sur RMC et RMC.fr avec C. Jakubyszyn.

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Ce jeudi à Bruxelles, Nicolas Sarkozy a eu, selon plusieurs témoins, une altercation avec José-Manuel Barroso au sujet des Roms. Mais le Président dément. Il affirme aussi avoir reçu le soutien d'Angela Merkel sur le même sujet. Mais l'Allemagne dément. Le chef de l'Etat a-t-il un double ?

Nicolas Sarkozy a peut-être vécu une étrange expérience hier jeudi à Bruxelles, à l’occasion d’un sommet européen où, actualité oblige, il a été beaucoup question des expulsions de Roms par la France. C’est bien simple : on a eu l’impression qu’il y avait deux sommets.
Un sommet officiel où il y avait tout le monde, et puis un sommet où Nicolas Sarkozy était tout seul, où il a vécu une sorte d’aventure parallèle.

Dans le sommet de « tout-le-monde-sauf-Sarkozy », il y a eu un déjeuner très orageux, un règlement de compte entre participants, des accusations, presque des insultes. En effet, la France ne supporte pas d’avoir été mise sur le banc des accusés par la commissaire européenne Viviane Reding, qui a fait une comparaison malheureuse avec la seconde guerre mondiale. José-Manuel Barroso, le Président de la commission, avait défendu sa commissaire, expliquant que sur le fond, la France devra rendre des comptes pour sa directive anti-Roms illégale.
Et Nicolas Sarkozy, qui n’aime pas beaucoup José Manuel-Barroso, n’a pas supporté. Il a répondu, il s’est énervé. « La commission a blessé la France », a-t-il lancé, furieux, devant un Barroso rougissant.
Témoin de cette scène, le premier ministre bulgare, Boyko Borissov.

L'altercation Sarkozy - Barroso, lors du déjeuner d'hier, racontée par le premier ministre bulgare, Boyko Borissov.

« Discussion très dure, dispute très dure. Je dirais même un scandale entre le Président de la commission européenne et le Président français ». Et on peut faire confiance à Boyko Borissov, ancien garde du corps, quand il parle de « dispute très dure ». Un autre témoin de la scène, Jean-Claude Juncker, le Premier ministre luxembourgeois, parle lui aussi d’échange « mâle et viril ». Oui mais non... Manifestement, Nicolas Sarkozy était à un autre déjeuner. Il n’a pas du tout vécu la même chose. Il était dans un monde parallèle.

Nicolas Sarkozy, après le déjeuner, n'a pas le souvenir d'une altercation

« S'il y a bien quelqu'un qui a gardé son calme et qui s'est abstenu de commentaires excessifs, c'est bien moi. Je connais bien Monsieur Barroso et je l'apprécie. Je l'ai d'ailleurs soutenu comme président de la commission. Mais je suis chef de l'Etat Français, je ne peux pas laisser insulter mon pays ».

Et puis dans des sommets diplomatiques, il y a les coulisses, les conversations off, les apartés. Par exemple, entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, la chancelière allemande. Mais là, même phénomène surnaturel que pour le déjeuner officiel : Nicolas Sarkozy était ailleurs. Il était dans un monde virtuel. Selon lui, Angela Merkel lui a fait des confidences et l’a encouragé sur sa politique anti-Roms.

Le chef de l'Etat dit avoir reçu le soutien d'Angela Merkel

« Madame Merkel m'a indiqué sa volonté de procéder dans les prochaines semaines à l'évacuation de camps. Et je dois dire que j'ai été très sensible au soutien complet, total et entier, une fois encore d'Angela Merkel ».

Or, quand Angela a entendu les propos de Nicolas, elle a aussitôt rédigé un communiqué: « La chancelière Merkel n'a pas parlé avec le président français Sarkozy de prétendus camps de Roms en Allemagne, et en aucun cas de leur évacuation, ni lors du Conseil européen, ni lors d'entretiens en marge ».
Cerise sur le gâteau, ce matin sur l'antenne d'Europe 1, le ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, enfonce le clou dans le dos du chef de l'Etat: « L'Histoire tranchera. Moi, je n'ai pas assisté alors que j'étais là tout le temps. Le président de la République ne m'a pas dit spécialement quelque chose à ce propos. Je ne sais pas si cet [ ndlr: échange entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy s'est fait en aparté ».

Alors la question que je pose ce matin est: Nicolas Sarkozy a-t-il été cloné ? Y a-t-il un avatar Sarkozy ?