Nicolas Dupont-Aignan reprend à son compte le "grand remplacement"

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) et Marine Le Pen (Front national) avant leur déclaration conjointe, le 29 avril 2017, au QG du FN à Paris. - François Nascimbeni - AFP
Nicolas Dupont-Aignan prend un franc virage à droite. Candidat de Debout la France à la présidentielle du printemps prochain, le député de l'Essonne a amorcé l'offensive mardi dans un communiqué portant sur l'immigration. Après un développement sur "l'invasion migratoire" en France, Nicolas Dupont-Aignan établit un parallèle avec la situation de la France, où la fécondité est en baisse pour la deuxième année consécutive.
"Alors que notre pays connaît un alarmant ralentissement de la natalité, les socialistes compensent le déficit démographique de notre pays en ouvrant les vannes de l'immigration", écrit le candidat. "Emmanuel Macron et les socialistes voient en l'immigration massive une opportunité économique, une clientèle électorale, et le meilleur moyen de déconstruire notre identité. Avec la gauche, le changement de population c'est maintenant".
Une stratégie politique
Mercredi matin, Nicolas Dupont-Aignan a repris et étayé son argumentaire dans une tribune publiée par Valeurs Actuelles. "Les chiffres sont là, qui démontrent au fil de leur publication régulière que cette crainte [du 'grand remplacement'] renvoie à une réalité (…)." Pour lui, la "dynamique de remplacement" est bien là. Le mot est lâché.
Mais au fait, à quoi exactement correspond cette expression? Elle a été popularisée par le théoricien Renaud Camus, figure de la mouvance identitaire: "Un peuple était là, stable, occupant le même territoire depuis quinze ou vingt siècles. Et tout à coup très rapidement, en une ou deux générations, un ou plusieurs autres peuples se substituent à lui, il est remplacé, ce n'est plus lui", écrit-il dans un entretien publié sur le site de l'Action française, cité par Libération en 2015. Renaud Camus, candidat à la présidentielle 2017, avait appelé à voter Marine Le Pen en 2012.
Le FN divisé sur la question
Au Front national, tout le monde n'est pourtant pas à l'aise avec l'expression. Florian Philippot lui-même l'avait rejetée en mai 2016, en raison du "flou" qu'elle implique. "Je ne parle pas comme ça parce c'est flou, je ne sais pas ce qu'on y met derrière", avait-il alors affirmé sur BFMTV. En 2014 il avait également dénoncé la "dimension complotiste" derrière le terme. Marion Maréchal-Le Pen, en revanche, a déjà affirmé dans les médias qu'il existait "un remplacement de population avec un remplacement culturel". Tout comme Stéphane Ravier, maire du 7e arrondissement de Marseille, en septembre 2015 lors de l'université d'été du FN.
La reprise de l'expression "grand remplacement" par Nicolas Dupont-Aignan est donc loin d'être un hasard: elle constitue bien une stratégie politique pour celui qui tente difficilement d'exister: matériellement - les fonds pour la campagne sont difficiles à trouver - mais aussi politiquement: il s'agir pour lui de se faire une place à droite, entre François Fillon et Marine Le Pen.
Interrogé par Le Figaro, l'intéressé se défend de tout "calcul" et assure vouloir s'adresser "aux concitoyens qui le vivent au quotidien". "Je ne suis pas pour l'immigration zéro mais pour la prise en compte de ce remplacement rampant", affirme-t-il encore. Un axe qui prendra une place importante dans sa campagne, avec "la relocalisation de l'emploi".