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Motions de censure: quelles différences entre celle de la Nupes et du RN?

L'hémicycle de l'Assemblée nationale lors d'une séance de questions au gouvernement, le 19 juillet 2022.

L'hémicycle de l'Assemblée nationale lors d'une séance de questions au gouvernement, le 19 juillet 2022. - Christophe ARCHAMBAULT / AFP

Le RN a écrit un texte court qu'il veut "consenssuel" dans lequel il est notamment question du "lourd déficit" du budget. Celui de la Nupes est plus long et davantage marqué politiquement. Contrairement à l'extrême droite, la gauche choisit de parler d'écologie.

Rassemblement national et Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) ont réagi de la même façon. Après que le gouvernement a dégainé l'article 49, alinéa 3 sur le budget 2023, les deux groupes ont déposé une motion de censure. Cette disposition permet de renverser le gouvernement, et dans le cas de présent, de rejeter l'adoption du texte.

Dans leurs justifications respectives, les deux principales oppositions au camp présidentiel s'accordent pour critiquer la forme. L'extrême droite pointe ainsi un exécutif qui n'a "jamais cherché de compromis", quand la gauche souligne le "refus" de celui-ci "d'être à l'écoute des oppositions". Chacun revient sur les amendements votés contre l'avis du gouvernement et ensuite non retenus par ce dernier.

Un texte "le plus consensuel possible"

C'est à peu près tout ce qui rassemble les deux groupes politiques. Aussi bien sur le fond que sur la stratégie, ils font valoir plusieurs différences. D'abord, le texte de la Nupes est davantage marqué politiquement que celui du RN, volontairement plus vague.

"On va bien travailler le texte pour qu'il soit le plus consensuel possible", affirmait ainsi le député Jean-Philippe Tanguy au micro de BFMTV après l'utilisation du 49.3 sur le budget.

Dans la motion du RN, il est surtout question de fiscalité et d'économie. Les députés du parti à la flamme soulignent ainsi le "lourd déficit de 150 milliards" du budget, ainsi qu'un "record historique d'impôts, supérieurs à 45% du PIB", selon leurs calculs. Le gouvernement assure de son côté qu'il n'y aura "aucune augmentation d'impôts".L'extrême droite pointe, également "l'absence de volonté gouvernementale de maîtriser la dépense publique" et de "réinstaurer toute forme de justice fiscale".

Enfin, le RN revient en conclusion sur plusieurs "grand enjeux" auxquels ce "budget ne répond en rien", selon-eux. Sont évoqués pèle-mêle, sans davantage de précision: "les crises migratoire, sécuritaire et énergétique" ainsi que le "pouvoir d'achat".

La gauche se penche davantage sur l'écologie

La gauche précise davantage les raisons de sa motion. Plutôt que de parler de déficit, elle insiste sur les revendications salariales dans un contexte d'inflation record depuis des décennies, le partage des richesses, les mobilisations sociales ou encore les collectivités locales et les services de proximité.

Surtout, la gauche s'étend sur un enjeu nullement cité par le Rassemblement national: l'écologie. Les chefs de parti de la Nupes fustigent ainsi dans leur texte une "loi de finances marquée par l'irresponsabilité climatique". D'après eux, celle-ci "ne contient aucune mesure d’ampleur pour réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre".

Ces différences de vues se retrouveront lors des votes ce lundi après-midi durant l'examen des motions de censure à l'Assemblée nationale. RN et Nupes ont prévu de nager dans leur couloir. En principe, les deux groupes ne voteront pas la disposition de l'autre. De quoi rendre leur adoption - déjà impossible sans les votes des députés du parti Les Républicains - on ne peut plus illusoire.

Baptiste Farge