Mort de Jean Germain: "un grand élu vient de disparaître", déclare François Hollande

Manuel Valls, mardi, a rendu hommage à son "ami" Jean Germain. - BFMTV
Le président de la République a rendu hommage à "un grand élu", après l'annonce de la mort de Jean Germain. Le sénateur socialiste et ancien maire de Tours, âgé de 67 ans, se serait suicidé près de son domicile, alors qu'il devait comparaître ce jour lors du procès des mariages chinois.
"Je partage l'émotion qui est celle de beaucoup de ses proches, les Tourangeau puisqu'il avait été leur maire pendant de longues années. C'était également un parlementaire apprécié. C'est un moment de tristesse. J'adresse à sa famille toutes mes condoléances. Un grand élu vient de disparaître dans des conditions qui sont particulièrement cruelles", a-t-il déclaré.
Le Premier ministre Manuel Valls s'est pour sa part exprimé non sans émotion mardi à son arrivée à l'Assemblée nationale, quelques minutes à peine après l'annonce de la mort de Jean Germain.
"J'ai perdu un ami. Nous étions très liés. Je lui avais rendu hommage il y a quelques jours, lors d'une réunion publique à Tours. Il a été un élu extraordinaire, qui a changé sa ville en profondeur", a confié Manuel Valls.
Les mariages chinois "paraissaient être une bonne idée"
Le maire UMP de Tours, Serge Babary, a défendu celui à qui il avait succédé. "Il avait accompagné le développement de sa ville avec une volonté qui force l'admiration, même chez ceux qui s'opposaient à ses idées", a-t-il déclaré, avant d'annoncer "je viens de perdre un ami".
"Je me rappelle du soir de sa défaite aux municipales, dans son bureau, seuls, tous les deux. Il y avait du respect et de l'amitié", a-t-il insisté, en disant penser "à ses proches, tout particulièrement à ses deux fils".
Questionné sur l'état d'esprit de Jean Germain avant son procès, le maire s'est demandé: "Qu'est-ce qui se passe dans la tête d'un homme? Même si les hommes politiques semblent avoir une cuirasse, au fond il était blessé par cette injustice", reconnaissant avoir été lui-même favorable aux mariages chinois.
"Il n'a pas supporté de voir son honneur bafoué"
Le ministre du Travail, François Rebsamen, dit, lui, avoir appris son suicide "avec beaucoup de tristesse et d'émotion". "Homme intègre et honnête, Jean Germain n’a pas supporté de voir son honneur bafoué dans les médias et de comparaître comme accusé alors qu’il se considérait comme innocent et victime d’une manipulation", écrit le ministre dans un communiqué, concluant par un mot adressé directement à l'homme: "Jean, nous te regrettons déjà".
Le dossier des "mariages chinois" tire son origine dans l'organisation entre 2007 et 2011 pour une clientèle chinoise de "Noces romantiques en Touraine". Celles-ci comprenaient des visites de châteaux de la Loire, ainsi que de la ville de Tours, dont le maire, ceint de son écharpe tricolore, posait pour la photo lors de simulacres de mariages. Jean Germain avait été mis en examen pour "complicité de prise illégale d'interêts et détournements de fonds publics". Lui a toujours clamé son innocence.
"C'est un martyr de la République"
Sur BFMTV, son avocat, Dominique Tricaud, a laissé éclater sa colère. "C'est un martyr de la République. Il allait être traîné devant le tribunal sur la base de racontars et de ragots. Il croyait en la justice, mais il avait l'impression d'une mise à mort politique, calquée sur les calendriers électoraux. Il me disait: 'Je suis innocent, mais que va-t-il m'arriver?'"
Dominique Bussereau, député UMP et proche de Jean Germain, s'est lui aussi exprimé sur BFMTV. "Je suis sous le choc, car je connais très bien sa ville, Tours, et Jean Germain était un grand personnage, un maire bâtisseur. Le Sénat perd également un membre éminent également. Nous n'avions pas la même vision de la vie publique, mais c'était un homme amical et respectable"."
Claude Bartolone, président de l'Assemblée et socialiste, a évoqué dans un communiqué un "immense choc", rappelant sa carrière, "maire de Tours pendant 19 ans, vice-président de la région Centre, et sénateur depuis 2011", et saluant "son esprit de responsabilité et d'ouverture".
Hommages sur Twitter
Sur Twitter, les hommages se sont également multipliés. Bruno Le Roux, chef de file des socialistes à l'Assemblée, évoque un "honnête homme". "Notre amitié aurait du lui permettre d'affronter l'atteinte à son honneur".
André Vallini, secrétaire d'Etat chargé de la réforme territoriale, évoque pour sa part "un sénateur assidu, compétent, un humaniste éclairé et cultivé, socialiste sincère et exemplaire". "Immense tristesse", dit simplement Benoît Hamon, ancien ministre socialiste.
>> Plus de réactions à venir sur BFMTV.com