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Mélenchon réclame un "tribunal" professionnel des médias

Jean-Luc Mélenchon sur le plateau de L'Emission politique avant le début de l'émission le 30 novembre 2017.

Jean-Luc Mélenchon sur le plateau de L'Emission politique avant le début de l'émission le 30 novembre 2017. - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

La direction de France télévisions et la Société des journalistes de France 2 ont pris la défense des journalistes mis en cause par le député de la France insoumise, après son passage dans l'émission.

"Bassesses, mensonges, tromperies" et "morgue médiatique". Après son passage dans L'Emission politique jeudi soir, Jean-Luc Mélenchon ne manque pas de mots pour s'en prendre au programme de France 2 et à ses équipes. Dans un billet publié sur son blog lundi, le député de la France insoumise qui estime avoir été victime d'un "traquenard" émet de nombreux reproches aux trois journalistes de l'émission.

"Ici les journalistes Léa Salamé, François Lenglet et Nathalie Saint-Cricq ont organisé un traquenard médiatique, ils ont abusé de leur autorité pour truquer des chiffres et mentir délibérément", écrit-il.

Deux invitées qui passent mal

Il les accuse notamment d'avoir "faussé l'identité des personnes convoquées sur le plateau pour incarner 'des Français moyens'", de lui avoir caché les sujets qui seraient abordés le spécialiste économique de la chaîne, et de l'avoir interpellé sur le Venezuela.

Vendredi, à l'appel de Thomas Guénolé, le politologue engagé auprès du parti, de nombreux Insoumis ont saisi le CSA pour protester contre la présentation de Pauline Laigneau, annoncée comme une directrice de PME, et Laurence Debray comme une historienne. Ils soulignent que la première invitée proposait l'an dernier dans Le Point de "jeter aux orties" le Code du travail, tandis que la seconde était décrite en septembre dans le JDD comme macroniste. Le CSA a confirmé avoir reçu "plusieurs centaines" de signalements contre l'émission.

Mélenchon réclame un "tribunal médiatique"

Dans son billet de blog, Jean-Luc Mélenchon appelle à la création d'un "tribunal médiatique" qui pourrait sanctionner symboliquement "les menteurs, les tricheurs, les enfumeurs". 

"Auprès de qui se plaindre? Où faire redresser la situation? Quelle sanction faire appliquer pour dissuader de recommencer? Il n’y a rien sauf le lourd appareil judiciaire et l’extrémité de la plainte en diffamation. Mais la plainte pour mensonge, manquement à la déontologie, escroquerie aux témoignages n’a aucune instance professionnelle déontologique pour être reçue", écrit Jean-Luc Mélenchon, qui annonce le lancement d'une pétition en ce sens. 

Interrogée par l'AFP, la direction de l'information de France Télévisions indique ce mardi qu'elle rejette "fermement les accusations de 'guet apens' et de 'traquenard' et soutient pleinement l'équipe de L'Emission politique, dont certains membres ont fait l'objet d'attaques ad hominem".

La SDJ et la direction défendent les journalistes

En outre, la direction de l'information affirme que Jean-Luc Mélenchon "a fait l'objet de la même préparation dans le cadre de l'émission que les autres invités qui l'ont précédé". Elle relève que le leader de la France insoumise "n'en est pas à sa première participation à L'Emission politique et a déjà été soumis aux mêmes séquences et au même traitement que les autres invités". Lundi, dans un communiqué, la Société des journalistes de France 2 a défendu les trois confrères visés personnellement par le député. 

"La SDJ s'indigne en particulier des propos brutaux, sexistes, totalement gratuits et inadmissibles tenus par Jean-Luc Mélenchon aujourd'hui sur son blog et dirigés ad hominem contre notre consœur Nathalie Saint Cricq", peut-on lire dans le document, cité par Le Lab ce mardi. 

Attaques personnelles

Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon décrit Léa Salamé comme "une personne sans foi ni loi", "en pleine hystérie", émettant des sous-entendus sur l'entourage de la journaliste. "Je ne me suis pas préoccupé de ses liens familiaux et communautaires politiques. Quand elle m’a pris à parti sur mon patrimoine de riche, moi le fils d’un postier et d’une institutrice, j’aurais pu lui en jeter de bien bonnes à la figure en matière de patrimoine et de famille", écrit-il. Nathalie Saint-Cricq en prend pour son grade elle aussi. 

"Madame Saint-Cricq n’étant pas le moindre problème du fait qu’elle ne comprend pas la moitié des sujets dont on discute et qu’elle gouverne avec cette hargne caractérielle qui est la signature des faibles, une équipe de gens tétanisés par ses foucades et humeurs", estime le député. 

Charlie Vandekerkhove