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Mais que cherche à faire Martine Aubry?

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En publiant une virulente tribune dans Le Monde à l’encontre du gouvernement, Martine Aubry s’est attaquée à son propre camp. Surtout pour barrer la route à Manuel Valls.

Quand on lui demande quels sont ses projets, difficile d'obtenir une réponse. "J’ai posé la question aux proches de Martine Aubry. Ils ont répondu qu’ils ne savaient pas quelle était la prochaine étape. C’est souvent comme ça avec elle", indique Laurent Neumann, éditorialiste politique de BFMTV. 

La maire de Lille est montée au créneau via la presse pour vilipender la politique de l’exécutif. Pourtant, quelques heures plus tard, cela ne l'empêchait pas de déclarer: "J’ai toujours pensé que le président de la République n’avait pas besoin d’aller dans une primaire." Mais que cherche donc à faire Martine Aubry? Si elle affiche clairement son désintérêt pour la primaire, elle a malgré tout une autre idée derrière la tête. Et une cible bien précise.

> Faire barrage à Manuel Valls

François Hollande qui renoncerait à 2017, "l’idée est en train de s’installer à gauche", estime Laurent Neumann. "Dans l’esprit de Martine Aubry, c’est même une hypothèse de plus en plus sérieuse." Par conséquent, la maire de Lille veut donc tout faire pour que Manuel Valls ne soit pas le candidat naturel de la gauche. 

Les rivalités politiques entre les deux ne datent pas d’hier. Adversaires lors de la primaire ouverte du PS en 2011, leurs relations se calment lorsque François Hollande arrive au pouvoir.

Mais les tensions se ravivent après le virage social-libéral insufflé par Manuel Valls. Car leurs profils restent divergents. Si Aubry est décrite comme "une social-démocrate à l’allemande" par Hervé Gattegno, éditorialiste politique de RMC, Valls est quant à lui comparée à "un Tony Blair" ou "un Matteo Renzi".

> Fragiliser l'autorité de Hollande

La tribune de Martine Aubry, publiée dans Le Monde ce mercredi, aurait aussi pour but d’affaiblir et de discréditer la politique menée par François Hollande et son gouvernement, remanié à plusieurs reprises pour désaccords successifs. "Elle accuse Manuel Valls d’entraîner François Hollande sur une ligne droitière qui risque de faire perdre la gauche", note Hervé Gattegno. "Elle en profite également pour se remettre au centre du débat à l’intérieur de la gauche", ajoute l’éditorialiste politique. "Il y a bien une guerre des gauches mais aussi une guerre d’égo", conclut-il. 

> Aubry ne va pas plus loin

En somme, Martine Aubry "critique, tempête, mais ne va plus loin". Et ce n’est pas la première fois. Pourtant, l'ancienne ministre se retrouve elle-aussi fragilisée, même dans son fief depuis les régionales.

"Elle est assez isolée, elle a perdu sa région et sa mairie de Lille ne tient qu’à un fil. Elle n'a pas tellement les moyens d'un vrai combat politique. C'est une femme qui a plus de tempérament que de stratégie", souligne Hervé Gattegno.

A un peu plus d’un an de la présidentielle, le changement de cap souhaité par Martine Aubry est peu probable. Résultat: cette sortie médiatique n’aura mis que le feu aux poudres dans une gauche déjà bien divisée.

Pierjean Poirot