Loi immigration: Laurent Wauquiez dénonce le "jeu très dangereux" d'Emmanuel Macron

Après l'adoption du projet de loi immigration, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, dénonce l'ambiguïté de l'exécutif et craint la censure de certaines mesures du texte par le Conseil constitutionnel.
"Nous sommes dans un jeu très dangereux, pratiqué par le président de la République et la première ministre, à la frontière du cynisme, consistant à soutenir un texte tout en disant que certaines de ses dispositions sont contraires à la Constitution", a déclaré l'élu Les Républicains (LR) dans une interview publiée par Le Figaro, ce jeudi 21 décembre.
"C’est dangereux pour notre démocratie que de faire des appels du pied au Conseil constitutionnel pour qu’il censure la loi. Les cours suprêmes doivent veiller à l’application des lois et non se substituer au législateur et au peuple souverain", a-t-il ajouté.
Laurent Wauquiez estime que si l'institution vidait la loi "de la moitié de sa substance", engendrant ainsi une "crise de l'impuissance", il n'y aurait plus qu'une solution: "redonner la parole aux Français par un référendum."
Fin du "en même temps"
L'élu LR considère par ailleurs que la loi immigration, reprenant de nombreuses dispositions introduites par les sénateurs de droite, signe la fin du "même en temps".
"C’est la fin du "en même temps, non pas au sens d’une majorité parlementaire qui aurait éclaté, mais au sens où tout le monde a compris que pour régler les problèmes de la France, il était indispensable de sortir des ambiguïtés."
Ce projet de loi a "une vertu pédagogique immense", a poursuivi Laurent Wauquiez : "on a mesuré le non-sens du "en même temps", faire à la fois une loi de régularisation et une loi contre l’immigration illégale."
"Besoin de franchise"
Le projet de loi immigration, adopté mardi 19 décembre par le Sénat et l'Assemblée nationale, a été rejeté par l'ensemble des partis de gauche, qui ont voté contre, tandis que Marine Le Pen revendique une "victoire idéologique". Les 88 députés de son parti, le Rassemblement national (RN), ont voté pour.
"Dans un pays qui a besoin d’une profonde reconstruction pour sortir de la décadence, le "ni-ni" et le "en même temps" sont autant d’impasses", affirme encore Laurent Wauquiez.
"Cette leçon vaut pour Emmanuel Macron, le macronisme et plus globalement, pour la classe politique. Il y a besoin de franchise, de netteté et les Français ne veulent plus de ce grand écart", estime-t-il.
Appel à "tirer les conséquences" de cette séquence parlementaire
Le socialiste Bernard Cazeneuve a de son côté signé une tribune dans Libération dans laquelle il pointe un "en même temps de droite et d'extrême droite" au sujet du président de la République.
Emmanuel Macron a régulièrement vanté, depuis l'élection présidentielle de 2017, le "en même temps", une politique censée privilégier un certain équilibre, piochant à droite comme à gauche.
Laurent Waquiez attend désormais du président "qu'il tire les conséquences de l’effondrement du "en même temps"", sans pour autant appeler à un remaniement gouvernemental.