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"Pour que la France reste la France": un tract LR divise

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Le tract "Pour que la France reste la France" diffusé par Les Républicains est loin de faire l'unanimité. Certains cadres et membres LR dénoncent une dérive du parti vers l'extrême droite.

"Pour que la France reste la France". Un tract émis par Les Républicains ne fait pas l'unanimité au sein du parti dirigé par Laurent Wauquiez. Diffusé à l'occasion du "printemps des Républicains", deux journées de mobilisation des militants ces samedi et dimanche, le document met l'accent sur des thématiques souvent prisées par l'extrême droite.

"Il n'y a jamais eu autant d'impôts", "il n'y a jamais eu autant d'immigrés", "il n'y a jamais eu une telle pression communautariste", ou encore "il n'y a jamais eu une telle flambée de la délinquance". Le tract assure également qu'Emmanuel Macron "laisse entrer un nombre d'immigrés jamais vu (...) en nous disant que 'c'est une chance'", qu'il "refuse la déchéance de nationalité", "n'a expulsé que 20 étrangers islamistes en un an", "refuse de défendre la laïcité", mais aussi "fait l'éloge de la diversité".

Un tract "inutilement anxiogène"

Le document, tiré à 1,5 million d'exemplaires, a été critiqué par certains cadres du parti. Comme Virginie Calmels, la numéro 2 de LR, qui a dénoncé "un dysfonctionnement" à l'origine de la diffusion de ce tract qu'elle n'a pas validé et qui n'a pas non plus été approuvé par les instances dirigeantes, a-t-elle regretté.

Sur France inter ce jeudi, elle a estimé qu'il était "déséquilibré", "inutilement anxiogène" et a regretté que le chômage n'ait pas été évoqué. La vice-présidente du parti a également rappelé qu'il ne fallait ni "pencher" du côté d'Emmanuel Macron, ni du côté du Rassemblement national, ex-FN.

"Je me battrai toujours pour éviter toute porosité avec le Front national", a-t-elle déclaré. "Pour résumer je suis pour une forme de droite décomplexée, oui, pas pour une droite populiste ou extrémiste."

Un slogan "un peu idiot" et "simpliste"

Florence Portelli, conseillère régionale d'Île-de-France et candidate malheureuse à la présidence des Républicains, va même plus loin. Le slogan "Pour que la France reste la France" est "un peu idiot". "On est dans le pléonasme et la surenchère frontiste", a-t-elle dénoncé mercredi sur Sud radio.

"Et puis ça veut dire quoi? Que la France n'est pas française? Ce sont des slogans simplistes, moi je n'aime pas la politique simpliste, ça n'élève personne (...) Beaucoup de militants ont été choqués, il y a aussi le contenu du tract. Réduire les problèmes de la France à de tels slogans, c'est un peu pathétique. On attend mieux de la droite."

"Récupérer des voix du Front national"

Pour Claude Goasguen, député de Paris, le tract fait "un amalgame" de termes qu'il n'accepte pas, rapporte le Huffpost. "Ça veut dire quoi que la France soit la France? C'est complètement idiot. Je veux bien que certains disent des idioties mais je ne suis pas obligé de les partager." Selon lui, Laurent Wauquiez est sur "une mauvaise piste électorale". "Je crois qu'il cherche à récupérer des voix du Front national, ce n'est pas la peine."

Même point de vue pour Robin Reda, député de l'Essonne proche de Valérie Pécresse. "Qu'on prenne les slogans du FN, je comprends la stratégie mais je ne distribuerai pas ce tract, il ne témoigne pas d'un travail de fond des Républicains pour essayer de reconquérir l'opinion", a-t-il accusé sur Europe 1. Grégoire de Lasteyrie, le maire LR de de Palaiseau, dans l'Essonne, s'est dit sur Twitter "très inquiet du chemin qu'empruntent Les Républicains depuis quelques temps". "À courir derrière le FN, le parti ira dans le mur."

"Je ne vois pas ce que cela a de choquant"

Des critiques que d'autres cadres ont rapidement balayées. "Si certains en sont à considérer que mettre le drapeau national sur un tract et écrire le mot France, c'est courir après le Front national, eh bien j'ai envie de leur dire de faire autre chose que de la politique", a assuré au Parisien Gilles Platret, porte-parole de LR. "Dire que la France doit rester la France, je ne vois pas ce que cela a de choquant. C'est même du bon sens", a enchéri pour le quotidien Brice Hortefeux.

Certains estiment par ailleurs que ce slogan n'est pas nouveau et a déjà été employé. Geoffroy Didier, secrétaire général de LR, a rappelé que le slogan a été prononcé "par François Mitterrand en 1984, par Nicolas Sarkozy en 2016, par Emmanuel Macron à Montpellier en octobre 2016", sans toutefois préciser le contexte, différent. 

Comme l'a repéré un journaliste de l'AFP, l'expression a également été employée par La Belle Alliance populaire, un mouvement lancé par le Parti socialiste, lors de ses universités de l'engagement en 2016. Mais là encore dans un autre contexte.

Céline Hussonnois-Alaya