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"Je reste prêt à servir mon pays": Michel Barnier ne ferme pas la porte à une candidature à la présidentielle

L'ancien Premier ministre Michel Barnier à Paris le 10 mars 2025

L'ancien Premier ministre Michel Barnier à Paris le 10 mars 2025 - Ludovic MARIN / AFP

L'ancien Premier ministre, qui publie un livre ce mercredi 4 juin, laisse planer le doute avant l'élection présidentielle de 2027 et cherche à se placer au-dessus de la mêlée, dénonçant "le régime des partis".

"En retrait, mais pas à la retraite". Cette formulée, énoncée par le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon à l'été 2022 après les élections législatives et présidentielle, sied parfaitement à Michel Barnier. Resté seulement trois mois à Matignon, entre septembre et décembre 2024, l'ancien Premier ministre (LR) n'est plus au premier plan. Mais il entend continuer à peser et ne s'interdit rien.

Cette semaine, le Savoyard va se rappeler aux Français, à l'occasion, mercredi 4 juin, de la sortie de son livre "Ce que j'ai appris de vous" (Calmann-Lévy), qui compte plusieurs chapitres relatant son expérience comme chef du gouvernement. D'autres hommes politiques seront en librairie dans la même période: Édouard Philippe, Éric Ciotti, Dominique de Villepin. Tous entendent jouer un rôle en vue de la course élyséenne et pour certains, le premier d'entre eux.

"On a tous une part de destin"

Michel Barnier ne fait pas exception. La prochaine élection présidentielle? "Je reste prêt à servir mon pays", dit-il ce lundi 2 juin dans les colonnes du Point.

Le multiple ministre, passé dans les gouvernements Balladur, Juppé, Raffarin ou Fillon, avance prudemment et appelle notamment à laisser "les choses se décanter car il y a d'abord des élections municipales (...) et des élections sénatoriales".

Mais cela ne l'empêche pas de se projeter: "En ce qui me concerne, on a tous une part de destin", dit-il. "Nous verrons bien quelles seront les circonstances qui feront qu'on aura besoin de moi. La question que je me poserai, si le destin m'oriente dans cette direction, comme à chaque étape de ma vie publique, est: est-ce que je peux laisser une situation meilleure que celle que j'ai trouvée au terme de mon mandat."

Pour ce qui est de la stratégie à mener au sein du bloc central, dans lequel les candidats putatifs ne manquent pas, Michel Barnier appelle à une seule et même candidature, souhaitant s'inscrire dans la lignée de son passage à Matignon où il a dû s'appuyer sur le "socle commun", réunissant les troupes de la coalition présidentielle et celle de LR.

Au-dessus de la mêlée

Un argument pour mettre en avant son profil. Michel Barnier, âgé de 73 ans, en a un autre: "cela peut se produire" que le prochain locataire de l'Élysée "ne fasse qu'un mandat, s'il a un certain âge...", relève-t-il auprès du Point, ajoutant: "Plus sérieusement, le redressement de notre pays devra être la seule obsession du prochain président qui ne devra pas penser, comme trop souvent, à sa réélection."

Comprendre: au sommet de l'État, lui ne jouerait pas le coup d'après. Le négociateur du Brexit cultive cette image au-dessus de la mêlée et cherche à se mettre au service des Français, leur promettant un discours de vérité. Une carte déjà jouée lors de son passage à la tête du gouvernement, alors qu'il ne pouvait s'appuyer sur une majorité absolue à l'Assemblée nationale.

Ainsi, Michel Barnier assure qu'il n'a pas "d'enjeu personnel" et ne "cherche pas de poste". En opposition, il dénonce le "régime des partis", coupable selon lui de son départ de Matignon, précipité par le vote d'une motion de censure par l'ensemble de la gauche et le Rassemblement national le 4 décembre 2024.

"Les partis ne mesurent pas la gravité de la situation, ils vivent en vase clos, on le voit à l'Assemblée nationale. Les Français, eux, la mesurent. C'est pour cela qu'ils m'arrêtent dans la rue. Ils jugent que, durant les trois mois où j'ai eu l'honneur d'être Premier ministre, on a travaillé dans la dignité, la vérité, le respect", défend-il.

Pour l'instant, d'autres personnalités de droite semblent avoir une longueur d'avance sur lui avant la présidentielle. À commencer par Édouard Philippe, ancien chef du gouvernement lui aussi et candidat déclaré pour l'Élysée. Mais aussi Bruno Retailleau, alors que son ascension au ministère de l'Intérieur a été confirmée par sa très large victoire contre Laurent Wauquiez lors du congrès de LR.

En cinquante ans de vie politique, Michel Barnier en a vu d'autres. Pourquoi pas lui? L'âge, "ça n'empêche rien! Moi, j'en ai soixante-dix-huit. Et puis vous êtes grand, vous êtes solide, vous vous tenez droit... Il faut continuer", lui a glissé le président américain Donald Trump lors de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame, selon les premiers extraits de son livre, publiés par Le Point.

Baptiste Farge