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Les Républicains

Face à Sarkozy, Juppé brandit le risque d'une "guerre civile"

Alain Juppé, le 20 avril 2016.

Alain Juppé, le 20 avril 2016. - Jean-François Monnier - AFP

Alors qu’un sondage le donne comme le seul capable de devancer Marine Le Pen au premier tour en 2017, Le Monde publie ce vendredi une interview d’Alain Juppé. Un long entretien dans lequel le candidat à la primaire de la droite souligne notamment les contradictions et le "durcissement" du discours de Nicolas Sarkozy.

Renforcé par la publication, jeudi, d'un sondage qui le donne vainqueur au premier tour de la présidentielle face à Marine Le Pen, Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite, se présente comme l'alternative à la candidate frontiste et à son rival au sein des Républicains, Nicolas Sarkozy. Dans un long entretien publié vendredi par le journal Le Monde, le maire de Bordeaux cultive l'image d'une droite apaisée et se pose en rassembleur, tout en ne manquant pas d'attaquer les deux candidats. 

A propos de ses chances de battre Marine Le Pen, Alain Juppé ne prend pas de risque, et se contente de citer les résultats de l'enquête Elabe: "Si j’en crois les sondages, je suis le seul qui peut la devancer au premier tour de la présidentielle, et la battre largement au second", répond-t-il simplement.

D'après l'étude publiée jeudi, avec 26% à 34% d'intentions de vote, Alain Juppé est en effet le mieux placé pour le premier tour, sauf dans le cas où Hollande et Macron seraient tous deux candidats: il serait alors devancé par la candidate FN, avec 26% contre 27%. 

"Moi, je veux la paix civile"

A propos de Nicolas Sarkozy, le maire de Bordeaux est en revanche plus loquace. Dénonçant le "durcissement" du discours de son rival et son manque de "cohérence", Alain Juppé fait le pari du rassemblement et appelle à un "apaisement du climat qui règne en France".

"Il y a une action majeure de déradicalisation à entreprendre, avec les responsables de la communauté musulmane. Mais lorsque de l’autre côté, certains commentateurs expliquent qu’il faut interdire les prénoms qui n’ont pas une consonance gauloise, ça devient absurde (…) Si nous continuons comme ça, nous allons vers la guerre civile. Moi, je veux la paix civile", déclare le candidat dans une référence évidente à Nicolas Sarkozy pour commenter les résultats de l'enquête sur les musulmans de France commandée par l'Institut Montaigne. 

Les "Gaulois", une "polémique d'un autre âge"

Sur la sortie de Nicolas Sarkozy, qui estimait lors d'un meeting dans le Val d'Oise, "Dès que l'on devient français, nos ancêtres sont gaulois", Alain Juppé a poursuivi ses invectives. 

"Il déclarait exactement le contraire il y a quelques années. En Nouvelle-Calédonie ou en Polynésie, j’ai rencontré des Français très attachés à leur pays. Il ne me serait pas venu à l’idée de leur dire qu’ils étaient gaulois! C’est vraiment une polémique d’un autre âge", estime-t-il. 

Avec cette idée, Nicolas Sarkozy a repris à son compte l'antienne du "roman national". "Ça veut dire qu'il y a un roman national, que ce roman national ce n'est pas forcément la vérité historique dans son détail mais c'est un roman national peuplé de héros qui ont fait la France", expliquait l'ancien chef de l'Etat pour justifier ses propos, au cours d'un dîner organisé mardi par Valeurs Actuelles. 

"L'histoire n'est pas un roman, c'est une science humaine"

Pour Alain Juppé, la polémique est d'un autre âge mais l'idée de "roman national" n'a en outre pas de sens. 

"Pour moi, l’histoire n’est pas un roman, c’est une science humaine, donc pas forcément exacte, mais c’est une science. Ce n’est certainement pas aux responsables politiques d’écrire l’histoire. Laissons ça aux historiens".
Charlie Vandekerkhove