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Politique

Les quatre choses à savoir sur la première séance de l'Assemblée nationale

L'hémicycle du Palais-Bourbon

L'hémicycle du Palais-Bourbon - ALAIN JOCARD / AFP

Ce mardi, l'hémicycle de l'Assemblée nationale se garnira à nouveau. Les députés doivent élire le président de l'institution. Mais ce n'est pas la seule particularité de cette première séance.

Les bancs de l'Assemblée nationale retrouvent leurs 577 occupants ce mardi. Cette journée marque en effet la première séance de la XVe législature de la Ve République. La vie de cette chambre du Parlement est affaire de règlement. Le déroulement de la première séance est lui-même dûment codifié. Et on peut remarquer à l'oeil nu que ce jour initial est bien particulier.

L'ordre alphabétique est catégorique: Mélenchon, voisin de Ménard

En effet, l'Hémicycle présentera ce mardi un visage étonnant. Les groupes parlementaires n'étant pas fixés et officiellement proclamés, les députés sont disposés selon l'ordre alphabétique, et non les affinités politiques. Autant dire que cet agencement va réserver quelques contrastes saisissants...et forcer à cohabiter des parlementaires qui n'ont, au mieux, que peu de choses à se dire. 

Le député apparenté Front national élu dans le Gard, Gilbert Collard, sera aux côtés de la députée (LREM) élue dans l'Indre-et-Loire, Fabienne Colboc, qui s'était fait connaître sur les réseaux sociaux par un débat perçu comme raté. Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, sera situé dans le voisinage immédiat d'Emmanuelle Ménard, députée héraultaise soutenue par le Font national et épouse de Robert Ménard. Marine Le Pen sera pour sa part positionnée entre Nicole Le Peih (élue dans le Morbihan sous le label "LREM") et l'UDI Maurice Leroy, ancien ministre de la Ville sous Nicolas Sarkozy. Enfin, l'opposition politique se doublera d'une opposition de styles du côté des "R". L'"insoumis" et réalisateur de Merci Patron! François Ruffin et François de Rugy, candidat à la primaire à gauche et partisan de la majorité présidentielle, seront voisins. 

Dernière ligne droite pour la constitution des groupes parlementaires

Pour que les députés se retrouvent plus à l'aise dans l'Hémicycle, abrités au sein de leur famille politique, il faudra constituer des groupes parlementaires. C'est d'ailleurs ce mardi que la liste définitive de ces derniers devra être communiquée. La publication de la composition de ces groupes (formés par au moins quinze parlementaires) doit apparaître dans le Journal officiel de mercredi. Et le record du nombre le plus pléthorique de groupes parlementaires au sein de l'Assemblée nationale, établi par les sept courants de 1958, est en passe d'être battu.

Il se pourrait en effet que huit groupes éclosent dans les travées de la XVe législature. Il y aura là le groupe communiste (de 15 membres), celui de la "France insoumise" dont les 17 participants seront dirigés par Jean-Luc Mélenchon. La trentaine de députés socialistes se grouperont derrière Olivier Faure. Ils devraient être coudoyés par un groupe de "progressistes", composé de personnalités de centre-gauche ou d'anciens socialistes comme Manuel Valls, dont la volonté est d'épauler l'action du gouvernement. C'est également la tâche que s'assigneront, bien évidemment, les 308 membres du groupe "La République en marche" de Richard Ferrand. Les 42 parlementaires du Modem, présidés par Marc Fesneau, leur succéderont dans le demi-cercle. Ils devraient fréquenter un autre groupe de dissidents. Les députés de droite et de centre-droit (comprenant l'UDI) se sentant "constructifs", c'est-à-dire désireux de soutenir une partie des mesures de l'exécutif, s'apprêtent à fonder leur propre entité parlementaire. Ils devraient être une quarantaine, comme l'évalue Le Figaro, à côté des environ quatre-vingt-dix députés décidés, eux, à tenir le groupe "Les Républicains" avec à leur tête Christian Jacob. 

Le doyen à la tête de la première séance, assisté des plus jeunes députés

Mais ce mardi, l'une des vedettes de la journée aura pour nom Bernard Brochand. C'est lui en effet qui en sa qualité de doyen de l'Assemblée nationale (79 ans) présidera cette première séance. La coutume est que cette séance inaugurale soit dirigée par un "bureau d'âge", lui-même supervisé par le député le plus âgé. Ce rôle échoit donc au député élu dans la 8e circonscription des Alpes-maritimes, ancien maire de Cannes. Il devra aussi prononcer un discours en cette occasion. 

Les autres membres de ce "bureau d'âge" sont les six plus jeunes représentants de la nation. On y retrouvera Ludovic Pajot, député Front national élu dans le Pas-de-Calais, âgé de 23 ans. Auprès de lui, il n'y aura ensuite que de jeunes encartés de "La République en marche": Typhanie Degois, élue savoyarde, de 24 ans; Lénaïck Adam, élu guyanais de 25 ans; Pierre Henriet, Vendéen du même âge; Bénédicte Peyrol, parlementaire élue dans l'Allier, de 26 ans; Sandrine Le Feur, élue dans le Finistère, du même âge. 

L'élection du président de l'Assemblée

Bernard Brochand aura surtout la charge de mener à bien l'élection de celui ou celle qui exercera la présidence de l'Assemblée ces cinq prochaines années. L'article 9 du chapitre III du règlement de l'Assemblée nationale précise ainsi: "Au cours de la première séance de la législature et aussitôt après les communications prévues aux articles 2 et 3, le doyen d’âge invite l’Assemblée nationale à procéder à l’élection de son Président." Le vote, tenu à bulletins secrets à la tribune, débutera à partir de 15h. 

Des scrutateurs seront tirés au sort pour dépouiller les suffrages. Une fois les résultats fixés, le doyen pourra les proclamer officiellement. Le vainqueur, alors désigné, sera invité à prendre place au perchoir sans délai. Les six vice-présidents, les trois questeurs et les douze secrétaires qui complètent le Bureau de l'Assemblée nationale seront élus lors de la séance suivante. 

Robin Verner