"Les masques tombent": la macronie riposte après le vote du RN sur la motion de censure de la Nupes

L'hémicycle de l'Assemblée nationale lors d'une séance de questions au gouvernement, le 19 juillet 2022. - Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Celle-là, personne ne l'avait vue venir. Si ce n'est sa principale instigatrice et ses fidèles. Lundi, en milieu d'après-midi, Marine Le Pen prend la parole à la tribune de l'Assemblée nationale. L'ancienne candidate à la présidentielle annonce que son groupe votera la motion de censure de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) sur la première partie du projet de loi de finances (PLF).
Surprise générale dans l'hémicycle. L'exécutif ne doit son salut qu'aux députés du parti Les Républicains. Avec leurs voix, la motion de censure pouvait devenir effective et conduire ainsi au renversement du gouvernement.
Place à la contre-attaque. Aurore Bergé, cheffe de file des députés Renaissance, cherche à enfermer ses adversaires dans deux alternatives:
"Soit vous êtes une majorité et dites aux Français (...) que vous seriez prêts à gouverner ensemble (...) ou admettez qu'il n'y a pas de majorité alternative à la majorité présidentielle", lance l'ancienne juppéiste depuis la tribune de l'Assemblée nationale.
"Et bientôt le programme commun ?"
Élisabeth Borne prend la suite d'Aurore Bergé. Elle aussi veut montrer l'incohérence d'un attelage Nupes-RN, une "alliance contre-nature", dit-elle. La Première ministre feint de s'interroger:
"Est-ce un gouvernement où sur les bancs des ministres siégeraient côte-à-côte madame Le Pen, madame Panot, madame Châtelain (députée écologiste élue dans l'Isère et présidente du groupe EELV, NDLR), monsieur Bardella, monsieur Vallaud (député socialiste élu dans les Landes et président du groupe PS, NDLR), et monsieur Chassaigne (député communiste élu dans le Puy-de-Dôme, président du groupe Gauche démocrate et républicaine, NDLR) que vous proposez aux Français?"
Sacha Houlié, député Renaissance de la Vienne pose une question sur Twitter: "Et bientôt le programme commun ?", raille celui qui est également président de la commission des lois.
"Les masques tombent"
D'autres membres du parti présidentiel vont jouer la même musique. En attendant, Jean-Luc Mélenchon sort du bois et tapote quelques mots sur réseau social à l'oiseau bleu: "La droite sauve le gouvernement de justesse. Il manquait 50 voix pour éjecter le gouvernement. Nous sommes prêts pour la relève", écrit le leader de LFI.
De quoi faire repartir de plus belle la majorité et l'exécutif. Ils sont plusieurs à réagir au tweet de Jean-Luc Mélenchon. Pour Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publique, et Charles Rodwell, député de la majorité, "les masques tombent. "Quel aveu de faiblesse", attaque ce dernier sur Twitter.
Olivier Véran répond lui aussi à l'insoumis. "Ce qui s'est passé ce soir, cette alliance que vous ne reniez pas, est grave. Il est temps que la gauche républicaine, socialiste, écologiste, se ressaisisse et quitte un bateau Nupes en pleine dérive", tacle le porte-parole du gouvernement. David Amiel, député Renaissance de Paris, tient des propos tout aussi durs en réaction aux écrits de l'insoumis. Selon lui, "une certaine extrême gauche semble avoir comme vocation historique de servir de marche-pied à l’extrême droite".
Une façon donc de mettre sur le même plan La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN). Un refrain bien connu. Depuis que les élections législatives ont rendu leur verdict en juin dernier - conférant une majorité relative au camp d'Emmanuel Macron - les membres du parti présidentiel disent qu'ils veulent bâtir des compromis. Mais avec les partis de "l'arc républicain". Un arc, dont, ni LFI, ni le RN ne font partie aux yeux des macronistes qui les qualifie régulièrement comme les deux "extrêmes" de l'échiquier politique.
"Nous ne voterons jamais de motion de censure de l'extrême droite"
En face, la gauche riposte. Peu après l'annonce de Marine Le Pen sur le vote de la motion de censure de la Nupes, Boris Vallaud prend la parole. Le patron des députés socialistes met le RN à distance:
"Nous ne voterons jamais de majorité avec le Rassemblement national et nous ne voterons jamais de motion de censure de l'extrême droite".
Si les députés du RN ont voté la motion de censure de la Nupes, les élus de la gauche se sont bien gardés de faire de même avec la disposition du parti à la flamme.
Sur Twitter, Olivier Faure répond à Marlène Schiappa qui avait critiqué un parti socialiste qui, "jadis (...] fut un grand parti qui défendait des grands principes". La réplique du premier sécrétaire des roses: "un accord avec le RN? jamais. Nous n'avons nous, jamais voté pour faire élire des vice-présidents à l'Assemblée nationale du RN, nous avons même voté contre Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, ce que vous n'avez pas fait aux législatives pour la Nupes".
"Des visions de la société (...) opposées"
Un argument repris par le député écologiste Benjamin Lucas.
"La macronie oublie bien vite et avec une malhonnêteté intellectuelle d’une rare ampleur le barrage républicain qui l’a conduite et reconduite au pouvoir. Un peu de décence, de dignité, de sens de la République !", écrit-t-il sur Twitter.
Ce mardi matin, Clémentine Autain a mis en avant sur RTL, des "projets politiques, des visions de la société qui sont quasiment en tout point opposées."
"Nous voulons partager les richesses, ils veulent opposer les plus pauvres et le monde populaire les uns contre les autres. Ils ont l'obsession migratoire, nous avons l'obsession du climat", a développé la députée de Seine-Saint-Denis.