Les dirigeants de gauche toujours aussi divisés à l'heure de manifester

Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot lors d'une manifestation le 26 janvier 2016. - Jacques Demarthon - AFP
Ils seront tous dans la rue ce jeudi. Olivier Besancenot (NPA), Pierre Laurent (PCF), Jean-Luc Mélenchon (LFI), mais aussi David Cormand (EELV), Benoît Hamon (Génération.s) et Olivier Faure (PS) défileront aux côtés des cheminots et des fonctionnaires. Un semblant d'unité au sein de la gauche française, qui n'est en réalité qu'une façade.
Olivier Besancenot a lancé l'appel le premier. Le 9 mars sur notre antenne, il soutient l'idée d'un "front commun, qu'on aille de Benoît Hamon à Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent, Nathalie Arthaud, à d'autres organisations sociales et politiques. On doit se rassembler", clame alors le cofondateur du NPA. Rassembler toute la gauche... Sauf le PS. Olivier Faure, le nouveau patron des socialistes, n'a pas été convié. "C’est un parti qui a beaucoup privatisé lorsqu’il était au gouvernement", justifie une membre de la direction du NPA dans Le Monde.
Hamon et Laurent répondent favorablement
L'ancien candidat du NPA à la présidentielle monte donc au créneau, participe à plusieurs émissions télévisées et parvient à se faire entendre. Il reçoit des réponses positives de la part de plusieurs partis de gauche, une tribune commune est en préparation. "Tout ce qui est fait pour rassembler le camp des progressistes contre le camp libéral est une bonne chose, Olivier Besancenot a eu raison", affirme Guillaume Balas, proche de Benoît Hamon.
Le dirigeant communiste Pierre Laurent répond lui aussi favorablement. Et en profite pour critiquer "l'attitude très fermée voire très sectaire de La France insoumise", qui tarde à signer la tribune commune. Benoît Hamon lui emboîte le pas: dans le JDD dimanche, il appelle à son tour à l'unité et somme "les dirigeants de La France insoumise (de) mettre entre parenthèses leur stratégie solitaire pour ajouter leur force à la mobilisation unitaire".
Voilà le leader de LFI forcé de se joindre au mouvement qu'il n'a pas initié: La France insoumise signe finalement la tribune. Sur son blog le 15 mars, Jean-Luc Mélenchon "appuie personnellement toutes les initiatives visant à regrouper des forces pour cette bataille" mais préfère insister sur l'importance à ses yeux "d’un rassemblement général dans la rue."
Pour Mélenchon, la tribune "ne change rien"
A la conférence de presse donnée par les signataires de la tribune mercredi, c'est le député Ugo Bernalicis qui représente le parti, alors que les autres leaders de gauche sont tous là. "Besancenot nous oblige à faire l'unité. Mais ça ne compte pas, ce sont des gamineries", s'agace un député LFI dans Le Monde.
Jean-Luc Mélenchon s'est expliqué sur notre antenne ce jeudi matin:
"Je refuse de faire croire que parce qu'on a signé une déclaration très émouvante sur les cheminots et le service public, cela change quelque chose au rapport de force", lance-t-il.
Loin d'une stratégie d'alliance, La France insoumise veut en effet "fédérer le peuple" et incarner seule l'opposition contre Emmanuel Macron. Outre la manifestation de ce jeudi, Jean-Luc Mélenchon soutient donc sa propre idée: une "grande marche populaire" sur les Champs-Elysées à Paris, organisée un dimanche "pour ne pénaliser personne", à l'occasion de la première année de l'élection d'Emmanuel Macron.