Le nouveau centre vise toujours 2012 malgré nicolas sarkozy

par Yann Le Guernigou
TOURS, Indre-et-Loire (Reuters) - Le Nouveau Centre (NC) a réaffirmé dimanche sa volonté d'être présent à l'élection présidentielle de 2012, passant outre à l'opposition de Nicolas Sarkozy qui veut éviter les divisions à droite au premier tour de scrutin.
Réélu à une quasi-unanimité - plus de 93% des voix - à la présidence de la formation réunie ce week-end en congrès à Tours, le ministre de la Défense, Hervé Morin, s'est déclaré prêt à en démissionner s'il n'était pas suivi dans cette démarche qu'il veut "collective".
"Si nous n'allons pas jusqu'au bout, c'est que nous aurons échoué et alors j'assumerai mes responsabilités. Je vous le dis très clairement, car je n'ai pas l'intention d'être le président d'un parti qui se résumerait à être le décor d'une pièce qui se jouerait sans lui", a-t-il dit dans son discours de clôture.
Né d'une scission du MoDem entre les deux tours de la dernière présidentielle, quand son leader François Bayrou a décidé de ne pas soutenir Nicolas Sarkozy, le Nouveau Centre, qui revendique l'héritage de l'ancienne UDF, entend avoir un candidat en 2012 pour se faire entendre dans la majorité.
"Il est normal et naturel qu'une famille politique incarne ses valeurs lors des échéances essentielles", a déclaré le député de Seine-Saint-Denis Jean-Christophe Lagarde, président exécutif du NC.
Il s'est fait fort de souligner que des candidats incarnant les valeurs du centre avaient été présents à tous les scrutins présidentiels depuis 1965.
Hervé Morin et ses amis ont été confortés par un sondage montrant que 59% des Français veulent un candidat centriste à la prochaine échéance, même s'il fait apparaître aussi un déficit de notoriété du ministre de la Défense.
La publication de cette enquête, samedi dans le Figaro, est intervenue sur fond de velléités de l'Elysée de faire barrage à une candidature Nouveau Centre avec l'idée d'éviter toute dispersion des voix de droite au premier tour.
DANS L'ANTICHAMBRE DE L'ÉLYSÉE
Nicolas Sarkozy l'avait signifié en avril au président du NC. Comme pour appuyer son message, il n'a pas hésité depuis à renouer le dialogue avec François Bayrou, un de ses plus virulents opposants, en le recevant à deux reprises, la dernière fois mardi à quatre jours du congrès de Tours.
Hervé Morin a eu dimanche des mots durs pour son ancien mentor, affaibli par la déroute du MoDem aux dernières élections régionales.
"Pauvre François", a-t-il lancé. "On l'avait quitté main dans la main avec (l'ancien secrétaire général du Parti communiste) Robert Hue, on le retrouve dans l'antichambre de l'Elysée. On l'avait quitté pamphlétaire intraitable (...) on le retrouve aujourd'hui courtisan empressé".
Quant à ses propres relations avec le président de la République, le ministre de la Défense a assuré qu'on ne le prendrait "pas en défaut de solidarité et de loyauté, plus encore dans cette période très difficile".
"C'est une exigence morale, je dirais même d'éthique", a-t-il souligné.
Le Nouveau Centre s'est fixé l'automne 2011 comme échéance pour désigner son candidat et entend d'ici là préparer un projet en réunissant une série de conventions nationales sur plusieurs thèmes, notamment l'Europe.
Même s'il a indiqué à plusieurs reprises que la question de sa propre candidature était prématurée, il fait peu de doutes qu'Hervé Morin est déterminé à se présenter.
Le président du NC, qui publiera un livre sur sa vie et son action à la rentrée, en a esquissé le contenu en évoquant dans son discours ses racines paysannes et son travail de reconstruction d'une formation centriste après la rupture avec François Bayrou.
Il a aussi développé quelques idées que le NC compte défendre en 2012 sur l'Europe ou la fiscalité, plaidant notamment pour une TVA sociale et la suppression du bouclier fiscal en parallèle à celle de l'impôt sur la fortune.
Il a enfin pris bien soin de souligner que sa démarche devait s'asseoir sur une "ambition collective" et ne relevait pas d'une "affaire personnelle" ou "purement égotique", et que le dernier mot reviendrait aux instances de son parti.
Edité par Elizabeth Pineau