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Le lauréat de la "meilleure baguette de Paris" ne livrera finalement pas l'Elysée

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Photo d'illustration - Christophe Archambault

La présidence de la République renonce à la tradition de se faire livrer son pain par le lauréat de la "meilleure baguette de Paris" alors qu'une polémique rattrape le nouveau récipiendaire, accusé d'avoir relayé des messages islamistes sur les réseaux sociaux.

On peut aimer la baguette tradition et y déroger. Cette année, contrairement à la coutume, l'Elysée ne se fera pas livrer par le lauréat du prix de "la meilleure baguette de Paris", décerné le 25 septembre. Ce dernier, Makram Akrout, 42 ans - dont 19 années passées à pétrir la pâte dans la chaleur du fournil - venu de Tunisie mais naturalisé français en 2019 comme le précise ici Le Parisien - est actuellement éclaboussé par une polémique sur les réseaux sociaux. Il est accusé d'y avoir relayé des messages à teneur islamiste ou hostiles à la France.

Cette concordance des temps et l'anomalie de voir l'Élysée commander ses miches à un artisan autre que celui distingué par le syndicat des boulangers du Grand Paris sont troublantes. Mais la présidence de la République ne fait pas le lien entre sa décision et la controverse. "Ce n’est pas prévu. L’Élysée n’a pas pris contact avec ce monsieur", a-t-il seulement écarté auprès du quotidien francilien lundi, poursuivant:

"Ce n’est pas automatique que le lauréat de la meilleure baguette de Paris livre l’Élysée".

Captures d'écran

Un rude coup pour l'artisan plus habitué à distribuer lui-même les pains sous son enseigne du XIIe arrondissement. "Monsieur Akrout est désolé d’apprendre par voie de presse la décision de l’Elysée, qui dénote un manque de courage et qui ploie devant la fachosphère", a ainsi réagi son avocate Sylvia Lasfargeas, interrogée par Le Parisien.

La polémique est toutefois aussi vieille que l'attribution de la récompense à Makram Akrout et avait déjà poussé la mairie de Paris à saisir la préfecture de Police pour faire la lumière sur cette affaire. Aussitôt le nom du vainqueur du prix connu, des internautes l'avaient accusé d'avoir relayé des messages haineux sur Facebook, faisant circuler captures d'écran et traductions des textes incriminés, initialement rédigés en arabe. On lui reprochait notamment le partage des citations suivantes:

"La France encourage et propage la décadence dans nos pays pour protéger ses intérêts colonialistes et nous pousse à nous éloigner de la religion et des valeurs islamiques". Ou encore: "Nous avons pleuré pour Charlie Hebdo et pour Notre-Dame mais du côté de la France, ils ne pleurent pas ces chiens lorsqu’on se moque du maître de la création, Allah".

Absent à la Fête du Pain

Comme nous l'indiquions vendredi dernier, l'homme a d'abord assuré que son compte Facebook - supprimé depuis - avait été piraté, pointant des manipulations en provenance de l'extrême-droite. Il assurait même vouloir porter plainte. Cette version, secondée dans un premier temps par son avocate, a ensuite été nuancée par le même conseil auprès de l'AFP:

"Comme bien des internautes, il (Makram Akrout, NDLR) a pu partager dans le passé des contenus publiés sur les réseaux sociaux sans en saisir toute la teneur". Sylvia Lasfargeas a d'ailleurs insisté, à cette occasion, sur "l'adhésion" de son client "à tous ses principes fondamentaux de liberté, égalité et fraternité", et sur son "attachement" à l'égard de son pays d'adoption.

La cérémonie officielle de remise du prix a eu lieu samedi dernier, lors de la Fête du Pain, organisée sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame. Makram Akrout, absent, s'y était fait remplacer.

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV