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Le g20 en quête d'équilibre entre croissance et déficits

A Toronto, les grandes nations industrielles et les grandes économies émergentes du G20 se sont livrées à un délicat exercice d'équilibre : elles souhaitent que les déficits budgétaires des Etats soient réduits de moitié en trois ans, mais sans étouffer l

A Toronto, les grandes nations industrielles et les grandes économies émergentes du G20 se sont livrées à un délicat exercice d'équilibre : elles souhaitent que les déficits budgétaires des Etats soient réduits de moitié en trois ans, mais sans étouffer l - -

par Lesley Wroughton et Jan Strupczewski TORONTO (Reuters) - Les dirigeants du G20 devaient s'engager dimanche à travailler de concert pour bâtir...

par Lesley Wroughton et Jan Strupczewski

TORONTO (Reuters) - Les dirigeants du G20 devaient s'engager dimanche à travailler de concert pour bâtir une économie mondiale plus stable sans imposer toutefois des solutions globales peu compatibles avec des niveaux de reprise économique bien différents selon les Etats.

Réunies à Toronto, les grandes nations industrielles et les grandes économies émergentes se sont livrées à un délicat exercice d'équilibre : elles souhaitent que les déficits budgétaires des Etats soient réduits de moitié en trois ans, mais sans étouffer la croissance, et lutter contre les pratiques risquées du secteur financier sans que l'offre de crédits en souffre.

"C'est la corde raide sur laquelle nous devons marcher", a déclaré le Premier ministre canadien Stephen Harper, hôte du sommet.

"Pour soutenir la reprise, il est impératif que nous poursuivions les plans de soutien existants (...) mais les pays développés doivent dans le même temps indiquer clairement que, à l'expiration de ces plans, ils remettront leurs finances en ordre", a-t-il ajouté.

Les pays du G20 doivent également montrer que leurs appels à la correction des déséquilibres de l'économie mondiale lancés lors de leur précédent sommet, en septembre à Pittsburgh, ne sont pas restés lettre morte.

Il s'agit essentiellement de convaincre les grands pays exportateurs, Chine et Allemagne en tête, d'accorder une plus grande place à leur demande intérieure, pendant que d'autres comme les Etats-Unis reverraient leur modèle de croissance fondé sur une consommation financée par de la dette.

De source proche du G20, on a déclaré à Reuters que le communiqué final publié à la clôture du sommet, vers 22h30, ne devrait toutefois faire aucune référence au yuan chinois, alors qu'un projet qui circulait encore samedi se félicitait de la décision de Pékin d'assouplir sa politique de change.

STABILISATION DE L'ENDETTEMENT

Depuis 2008, année où la crise économique était à son plus fort, le G20, qui réunit les Etats-Unis, leurs grands alliés européens, le Japon mais aussi la Chine, le Brésil, l'Inde et la Russie, est devenu le principal forum de discussion international sur les questions économiques et financières.

Si la récession, qui a été combattue à coups de centaines de milliards de dollars d'argent public, appartient aujourd'hui au passé, le défi à présent est de consolider une croissance jugée encore globalement fragile.

Dans ce contexte, les Etats-Unis se sont inquiétés publiquement des politiques de réduction de leurs déficits annoncées par plusieurs pays européens échaudés par la tempête financière qui a presque emporté la Grèce, une des nations les plus endettées.

Ces craintes sont partagées par d'autres, le Premier ministre indien Manmohan Singh évoquant le spectre d'un retour de la récession si trop de pays serrent en même temps les freins de leurs économies.

Selon un projet de communiqué final obtenu par l'agence Reuters, les pays du G20 sont tombés d'accord pour prôner une réduction de moitié de leurs déficits publics gonflés par la crise, et ce sur une période de trois ans, et une stabilisation de leur endettement.

TAXE BANCAIRE VALIDÉE MAIS À LA CARTE

Mais ils laisseront aussi le choix à chacun d'agir, au moins dans un premier temps, à son rythme pour tenir compte de sa situation économique.

"Il y a le risque qu'un ajustement budgétaire synchronisé de plusieurs grandes économies impacte négativement la reprise. Il y a le risque aussi que l'absence d'une consolidation nécessaire nuise à la confiance et entrave la croissance", lit-on dans le texte.

Si la baisse de moitié des déficits paraît à portée de main au vu des engagements pris par tous les Etats, y compris les Etats-Unis, la stabilisation du ratio dette/produit intérieur brut (PIB) à une échéance de six ans s'annonce plus difficile. L'administration américaine table ainsi sur une hausse de ce ratio au moins jusqu'en 2015.

La régulation financière est une autre source de désaccords au sein du G20, comme en témoigne la taxe sur les banques réclamée par l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne mais combattue par le Canada et le Japon.

Selon une source européenne, le sommet devrait valider la création d'une telle taxe comme "instrument légitime de recouvrement du coût des crises et de prévention des risques" mais laisser le choix à chaque Etat de l'appliquer ou non.

Rédaction G20, Yann Le Guernigou pour le service français