BFMTV
Politique

Le délai d'obtention des titres d'identité passe à 35 jours, un stock de passeports victime d'incendie

Photo d'illustration.

Photo d'illustration. - Andrej Ivanov / AFP

Obtenir un passeport prenait en moyenne 66 jours en avril dernier. Ce délai a été divisé par deux, alors que la tension sur les titres n'a pas diminué.

La fin d'un enfer administratif? Le 21 avril dernier, Élisabeth Borne a annoncé un plan pour compresser les délais d'obtention d'un titre d'identité (CNI, passeport). "L'objectif qu'on se fixe, c'est d'être à 30 jours cet été et de passer à 20 jours à l'automne et d'avoir des rendez-vous disponibles partout en France", promettait-elle.

Trois mois plus tard, la promesse semble tenue. Selon les derniers chiffres du gouvernement que BFMTV.com a pu consulter, à la date du 10 juillet, le délai est passé à 35 jours en moyenne, contre 66 au moment des annonces.

"Nous avons donc diminué par deux les délais depuis la prise de parole et nous sommes extrêmement confiants sur le fait de réussir à tenir l’objectif de 30 jours de délai cet été", se félicitent les cabinets de la Première ministre et de Dominique Faure, la ministre déléguée chargée des collectivités.

Dans le détail, si la trajectoire se maintient, le cap des 30 jours sera passé à la fin du mois, et celui des 20 jours à l'automne "devrait être atteint". Et ce, alors que la demande ne diminue pas, avec 1,6 million de rendez-vous chaque mois.

Des écarts territoriaux

Comment expliquer que les délais aient à ce point explosé au départ, avec 2 à 6 mois d'attente en fonction des régions? La France a accumulé le retard lorsqu'elle a fait face à un nombre record de demandes mêlant rattrapage du Covid-19 et effet Brexit. C'est ce "goulot d'étranglement" qui a poussé le gouvernement à prendre des mesures d'urgence en avril, la situation ayant plutôt tendance à s'aggraver si laissée non traitée.

Parmi les remèdes efficaces, le déploiement de 1000 machines capables de prendre les empreintes, l'ouverture de 32 sites de désengorgement temporaires dits "coup de poing". C'est aussi une avancée digitale qui a permis de fluidifier la situation. Ce sont 2300 communes sur les 2700 concernées qui sont aujourd'hui raccordées au site dédié. Il permet de trouver un rendez-vous dans les environs, avec 800 raccordements depuis le mois d'avril. Le reste sera incité à se connecter "petit à petit".

Les demandes étant gérées par les mairies, le gouvernement a débloqué une enveloppe de 100 millions d'euros de soutien "pérenne" de l'État aux collectivités. En échange, celles-ci s'engageaient à ouvrir sur des plages plus larges, et donc à honorer plus de rendez-vous. Dans l'entourage de la Première ministre, on félicite d'ailleurs l'engagement des échelons locaux sur cette question.

Reste que, s'il y a une amélioration globale, la situation n'est tout de même pas la même partout. Les délais se sont globalement raccourcis, mais il demeure de fortes disparités entre les territoires. En cause, une simple asymétrie entre la demande et les capacités. Un problème reconnu au sein du gouvernement, où l'on préfère insister sur le fait de pouvoir trouver rapidement, si l'on accepte de faire quelques kilomètres.

Les émeutes, un revers

Sur le plan purement politique, l'action du gouvernement en faveur d'une réduction des délais n'est pas arrivée n'importe quand. À peine extirpé de la séquence de la réforme des retraites, l'exécutif a mis la machine en marche pour répondre aux petites inquiétudes du quotidien des Français.

L'objectif: des petites actions pensées pour adoucir la situation après des semaines de tension. Ce qui est passé par de petites actions, comme sur lesdits délais d'obtention de titres d'identité, mais aussi le non-retrait de points pour des excès de vitesse inférieurs à 5 km/h. Un lien de causalité cependant réfuté par la majorité.

Cette promesse tenue d'Élisabeth Borne s'est cependant heurtée à une autre crise sociale. Lors des récentes émeutes qui ont suivi la mort de Nahel à Nanterre, des dégradations ont frappé de très nombreux bâtiments publics. Selon nos informations, une centaine de lieux habilités à délivrer les titres ont été dégradés, y compris deux des trente centres "coup de poing". Sans oublier un stock de précieux passeports neufs parti en fumée.

Tom Kerkour