Le candidat Valls se pose déjà en adversaire de Fillon et du FN

A peine candidat à la primaire de la gauche et déjà dans la perspective du premier tour de la présidentielle. Sitôt après avoir officialisé entrer dans la course à l'Elysée lundi, Manuel Valls s'en est pris à ses adversaires. Mais pas à Arnaud Montebourg, qui s'annonce comme son principal rival dans l'élection organisée par le PS et ses alliés pour porter leurs couleurs en 2017, ni à Benoît Hamon. Non, le désormais ex-Premier ministre, libéré de ses fonctions exécutives ce mardi, a désigné ses ennemis: l'extrême droite mais surtout le candidat de la droite, François Fillon.
Invité du 20 heures de France 2 ce mardi, quelques heures après sa démission de Matignon, Manuel Valls a semblé déjà se poser dans la bataille de l’après-primaire.
"Dans ce moment décisif pour le pays, les Français vont pouvoir comparer avec programme de l’extrême droite qui ferait sortir la France de l’Histoire, qui ruinerait les ouvriers, les petites gens, les retraités", a expliqué celui qui a par le passé parlé de son combat contre l'extrême droite comme celui "de sa vie".
"Et avec le programme de François Fillon, qui est un homme que je respecte, bien évidemment - il a été Premier ministre, c'est incontestablement un homme d'Etat - mais qui porte le projet le plus dur qui n’ait jamais existé et qui va remettre en cause profondément le modèle social en cassant et la Sécurité sociale et l'hôpital public avec des déremboursements pour les plus modestes. Et (il fait) tout aujourd'hui pour les plus fortunés avec la suppression de l'ISF (l'impôt de solidarité sur la fortune, Ndlr)".
Coups essentiellement dirigés contre Fillon
Interrogé par David Pujadas sur son éventuel soutien à Benoît Hamon si ce dernier gagnait la primaire, Manuel Valls ne s’en est pas pris à la ligne défendue par le député PS des Yvelines, qui ne se prive pas, quant à lui, d'affirmer que la candidature de l'ex-Premier ministre "est la plus clivante qui soit". Une nouvelle fois, au contraire, Manuel Valls a pris pour cible François Fillon et le FN.
"Je me sens de la même famille. Je connais Benoît Hamon depuis des années", a-t-il simplement éludé. "La primaire, ce n’est pas une affaire de partis, c’est l’affaire des Français. J’invite les hommes et les femmes de gauche, de progrès, les Républicains, ceux qui ne veulent pas de l’extrême droite ni du programme très dur de François Fillon, je les invite évidemment à venir dans cette primaire pour choisir le candidat qui correspond pas à ce que veut la gauche seulement mais le pays."
La veille déjà, lors de l'officialisation de sa candidature à Evry, Manuel Valls avait - sans le nommer - essentiellement porté ses coups contre François Fillon, en ayant recours à une anaphore:
"Je ne veux pas que les fonctionnaires travaillent plus pour gagner moins. Je ne veux pas que les déremboursements massifs de médicaments empêchent les plus modestes de se soigner. Je ne veux pas que nos enfants aient moins de professeurs, que nos villes ou nos campagnes aient moins de policiers ou de gendarmes", avait-il expliqué.
Manuel Valls attend-il de connaître tous ses adversaires à la primaire pour les attaquer frontalement, alors que les prétendants ont jusqu'au 15 décembre pour se porter candidats? Veut-il rassembler son camp - son mot d'ordre désormais - en désignant dès maintenant l'ennemi extérieur? Prendre de la hauteur, faisant valoir son statut d'ancien chef de gouvernement? Toujours est-il que la posture "au-dessus de la mêlée" adoptée dans le camp adverse par Alain Juppé, qui abordait pourtant la primaire à droite en position de force, est loin d'avoir suffi à l'emporter.