Laïcité, islam: comment Valls tente de discréditer Hamon

Depuis lundi, les deux candidats de la primaire à gauche retenus au terme du premier tour se livrent à une véritable passe d'armes sur la laïcité. Ils se répondent par médias interposés, avant de s'affronter directement mercredi soir, lors du débat de l'entre-deux tours.

Nouvelle stratégie politique pour Manuel Valls. L'ex-Premier ministre souhaite réaffirmer son autorité en discréditant Benoît Hamon sur un sujet incontournable. En effet, à quelques jours du second tour de la primaire à gauche, Manuel Valls a choisi de se faire le champion en matière de laïcité, dont découlent plusieurs thèmes: banlieue, immigration et islam.

Pour Valls, Hamon fait preuve "d'ambiguité"

Le candidat Valls juge son adversaire "ambigu" dans ce domaine. Interrogé lundi sur TF1, il déclare en effet:

"Je défendrai aussi une vision de la laïcité que je veux incarner, la lutte contre le communautarisme. Lui, Benoît Hamon, est ambigu sur ces questions".

Il renchérit ce mardi sur France Info: "Il y a des ambiguïtés, il y a des risques d'accommodements, oui en effet, de sa part".

Benoît Hamon évoque un "procès"

Trappes, fief de Benoît Hamon situé dans les Yvelines, est une ville de banlieue parfois confrontée à l'islamisme radical: le 22 janvier dernier, deux hommes, soupçonnés d'appartenir à une filière d'acheminement de jihadistes depuis cette ville, ont été arrêtés et mis en examen. En réponse à l'ancien locataire de Matignon, le candidat Hamon a rétorqué sur RFI:

"On me fait le procès de quoi? D'être élu de banlieue, d'être confronté à la réalité de ce communautarisme que je combats, autrement que par des mots?". 

Plus tard sur Europe 1, Benoît Hamon a qualifié les accusations de laxisme à son encontre de "très graves, qui, non seulement (le) heurtent, mais (le) révoltent". Anonymement, un ministre qualifie même Benoît Hamon de "candidat des Frères musulmans", dans les colonnes de Libération.

Alexis Bachelay, porte-parole de ce dernier, a lui aussi pris la parole sur BFMTV:

"Benoît Hamon s'est exprimé très clairement à ce sujet et respecte les valeurs de la République. Il veut une laïcité intransigeante, celle de la loi de 1905. Il ne s'agit peut-être pas de la même laïcité que Manuel Valls qui a décidé d'en faire une arme de stigmatisation des religions en général, et d'une religion en particulier". 

Burkini et communautarisme reviennent dans le débat

Toujours sur RFI, Benoît Hamon n'hésite pas non plus à dégainer l'argument du burkini, qui avait fait polémique:

"Ce n'est pas moi qui ai une version dévoyée de la laïcité", lance-t-il à propos de Manuel Valls. "C'est le Conseil d'Etat qui lui a rappelé ce qu'était la loi sur le burkini, quand il s'est porté au secours des maires qui l'interdisaient".

A ce propos, Manuel Valls n'hésite pas à réaffirmer sa position: 

"Il ne peut pas y avoir le moindre compromis avec les communautarismes et avec ces pratiques qui concernent nos femmes. J'en fais un combat essentiel parce que se joue là aussi une certaine conception de la République et de la société".

L'ancien chef du gouvernement a cependant précisé qu'il souhaiterait aborder ce sujet mercredi soir, lors du débat de l'entre-deux tours, "de manière amicale, souriante et claire". 

Alexandra Milhat