La revalorisation de l'aide au retour pour les migrants crée la polémique

Une allée de la jungle de Calais le 15 juillet 2016. - FRANCOIS LO PRESTI - AFP
Il y a deux jours l’Office français d’immigration et d’intégration (Ofii) annonçait la revalorisation temporaire d’une prime d’aide au retour pour les étrangers (hors Union européenne ou pays dispensé de visa) en situation irrégulière sur le territoire français. L’idée est de verser aux immigrés concernés une somme d’argent pour les inciter à rentrer volontairement dans leur pays. Cette aide, qui existe de longue date, avait été récemment porté à 1.000 euros et la dernière mesure la fixe à 2.500 euros maximum.
Pour la percevoir, les migrants devront déposer une demande avant le 31 décembre. La prime vise à faciliter le retour de l’immigré irrégulier dans son pays, à financer sa nouvelle activité sur place, et ne sert pas à payer le billet d’avion qui est pris en charge par les autorités.
Moins coûteux qu'une reconduite forcée
Cette réévaluation a déclenché un début de polémique. Sur le plateau des Grandes Gueules de RMC, la question de la légitimité du versement potentiel d’une somme pouvant aller jusqu’à 2.500 euros à un migrant en situation illégale a notamment provoqué l’incompréhension de Bernard Debré, député (LR) élu à Paris. Mais Didier Leschi, directeur général de l’Ofii, lui a répondu, expliquant qu’ "une reconduite forcée coûtait beaucoup plus cher".
Didier Leschi a détaillé son propos en ajoutant qu’une telle reconduite impliquait un passage devant le juge, l’accompagnement du migrant par trois policiers dont il fallait bien entendu payer le billet d’avion, sans compter celui de l’expulsé. Il a aussi fait valoir qu’un séjour prolongé d’un immigré en situation illégale présentait des factures salées à l’Etat en raison de l’obligation d’hébergement à laquelle ce dernier est soumis.
Nadine Morano y voit une double incitation
La députée européenne Nadine Morano n’a pas tenu à prendre en compte ce volet économique du problème. Au micro de Jean-Jacques Bourdin, elle s’est écriée: "C’est profondément scandaleux! (…) Il faut surtout inciter les immigrés à ne pas venir chez nous. Mais les inciter à venir chez nous puis leur donner une somme pour repartir, c’est les inciter doublement."
L’ex-parlementaire française a appelé à la création d’un "service public de la reconduite".