Pour sa réorganisation, LaREM promeut son flanc gauche

Plusieurs parlementaires aux positions tranchées ont obtenu des postes importants dans l'organigramme du parti.

Ils prennent du galon. Comme l'ont rapporté plusieurs médias, La République en marche a acté ce jeudi une réorganisation interne, afin d'assurer un meilleur maillage territorial et de se montrer plus combatif sur le terrain des idées. Ce second aspect du replâtrage du mouvement présidentiel a amené celui-ci à promouvoir des parlementaires qui n'ont pas peur d'aller au charbon, au "clash", comme l'on peut dire plus trivialement. 

Parmi ces jeunes promus, plusieurs sont des personnalités issues de l'aile gauche du parti, ont révélé Le Monde et Le Figaro. Il y a notamment le député du Val-d'Oise Aurélien Taché, qui va co-piloter le débat d'idées au sein de LaREM avec la médiatique secrétaire d'État chargée de l'Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa. 

"Libéralisme culturel"

Ancien patron du syndicat étudiant Unef, cet élu francilien est coutumier des prises de position tranchées, notamment sur les sujets sociétaux. Au point, parfois, d'agacer ses collègues parlementaires. Il l'avait illustré en mai 2018 en prenant la défense de Maryam Pougetoux, responsable de l'Unef à Paris-IV critiquée à l'époque pour son port du voile.

"J’ai toujours été sur ses positions là: le libéralisme culturel. (...) J’ai toujours considéré qu’il y avait un vrai enjeu à se saisir des discriminations inter-culturelles que le marxisme avait balayé", a expliqué Aurélien Taché à L'Obs quelques mois plus tard. 

Bloc progressiste

Autre personnalité saillante: Guillaume Chiche, député des Deux-Sèvres et, comme son collègue Taché, ancien membre du Parti socialiste, période Cambadélis. Il s'est récemment fait remarquer en tançant vertement (et publiquement) une autre députée LaREM, Agnès Thill, pour ses positions rétives à l'extension de la Procréation médicalement assistée.

Chargé de "la prospective" du mouvement, afin de plancher sur son corpus idéologique, Guillaume Chiche travaillera en binôme avec Laurent Saint-Martin, député qui a également ciblé Agnès Thill sur Twitter.

Le député du Val-de-Marne, par ailleurs vice-président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, s'est également montré très en pointe sur la question des services publics et de leur préservation. 

Équilibres

Ces promotions ont lieu alors même que l'exécutif, de son côté, joue la carte du retour à l'ordre, notamment à travers sa loi "anti-casseurs", afin de parler à un électorat plutôt situé à droite. Toujours assurer les équilibres. 

"Je pense qu'il y a davantage une volonté de politiser le dispositif LaREM, de le rendre plus offensif à quelques mois des européennes", tempère toutefois un parlementaire LaREM pour BFTMV.com. "Il faut sortir des vieux réflexes droite-gauche. Les personnalités qui ont été choisies vont jouer collectif et respecter la ligne du parti. Même s'ils sont identifiables sur certains sujets de société." Il le rappelle d'ailleurs: Aurore Bergé, ex-Les Républicains, a été chargée du porte-parolat et de la cellule "riposte" dans le nouveau dispositif.

Jules Pecnard