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La réforme de l'ISF provoque un malaise dans les rangs des députés En Marche

Malaise dans la majorité? "Il n'y a pas de fronde", assure une porte-parole.

Malaise dans la majorité? "Il n'y a pas de fronde", assure une porte-parole. - AFP

Le débat sur la transformation de l'impôt sur la fortune (ISF) agite les députés de la majorité. Certains d'entre eux expriment leur malaise par rapport à la proposition très symbolique du gouvernement d'extraire de l'ISF les yachts, les lingots d'or ou les voitures de luxe. Peu à peu, les langues se délient parmi les députés.

Les débats sur l'ISF ont marqué le début du malaise. Transformer cet impôt symbolique en impôt sur la fortune immobilière, en retirer les "produits extérieurs de richesse": autant de décisions qui ont gêné certains élus au sein même de la majorité.

En première ligne, le député Joël Giraud: rapporteur général du budget, le député PRG, allié de LaREM est vu comme un pilier de la majorité. Mais cela ne l'empêche pas de faire entendre sa voix. "Les voitures de luxe ou les lingots d'or doivent être beaucoup plus taxés", affirme-t-il dans Le Parisien. "Un yacht, c'est m'as-tu-vu, ce n'est pas productif pour l'économie".

Une première brèche ouverte

Une première brèche s'est ouverte. "Si au bout de 2 ou 3 ans, chacun s'amuse à acheter sa Ferrari en plus, ou sa villa sur la côte, alors on remet l'ISF", lance à son tour François-Michel Lambert, député LaREM des Bouches-du-Rhône. "Il y a des marqueurs en début de mandat qu'il faut éviter: l'ISF en est un", affirme son collègue Patrick Vignal, député de l'Hérault. "Je sais pas si ça va rapporter. Je ne crois pas que les très riches reviendront en France avec l'argent qui dort". Face à un malaise de plus en plus sensible dans le groupe LaREM, le gouvernement a décidé d'accepter des amendements visant à taxer davantage les produits extérieurs de richesse.

Jeudi, Joël Giraud a remis le couvert, toujours sur l'ISF: cette fois, il a réclamé davantage de transparence au ministre de l'Economie et des finances, Bruno Le Maire. Il rejoint ainsi l'appel de 120 parlementaires réclamant la publication de l'impact de l'ISF "sur les 100 Français les plus riches".

Outre l'ISF, la question des allocations familiales a également agité les élus de la majorité. Faut-il en supprimer l'universalité, comme l'a proposé le député LaREM Olivier Véran? Bruno Le Maire s'était dit plutôt favorable à l'idée. Le débat a fait rage la semaine dernière en réunion de groupe, et les élus LaREM ont finalement décidé de ne pas soutenir cet amendement.

"Le Parlement est dans son rôle d'initiative"

Le gouvernement fait-il face à un début de fronde, comme le précédent exécutif socialiste a vu peu à peu la colère des députés PS monter, jusqu'à menacer plusieurs adoptions de textes? "Il n'y a pas de fronde", répond Aurore Bergé, porte-parole du groupe LaREM à l'Assemblée, contactée par BFMTV.com. "Le Parlement est dans son rôle d'initiative, et le projet est respecté: avoir un budget efficace économiquement et juste socialement".

Pourtant, tout le monde dans la majorité ne voit pas d'un bon œil les initiatives personnelles, notamment de la part de Joël Giraud. "Alors qu'on nous demande de la discipline, qu'il faut passer par le groupe pour déposer des amendements, on ne peut pas avoir un rapporteur qui agit en franc-tireur", s'agace l'un d'eux dans les colonnes de Libération. Ces députés n'en sont néanmoins pas encore au niveau de leurs prédécesseurs socialistes, qualifiés de frondeurs. Pour l'instant, aucun d'entre eux n'a prévu de voter contre ou de s'abstenir sur le projet de loi de finances.

Ariane Kujawski