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L'annonce du campus d'été de LaREM fait chauffer les boucles Telegram du parti

Stanislas Guerini, délégué général de LaREM, au Campus des territoires de Bordeaux, en septembre 2019

Stanislas Guerini, délégué général de LaREM, au Campus des territoires de Bordeaux, en septembre 2019 - AFP - Georges Gobet

Alors que Ouest-France révèle que le parti présidentiel entend organiser son université d'été à Nantes en septembre, certains dirigeants de LaREM estiment une telle réflexion prématurée.

La politique est souvent une question de timing. Surtout en temps de crise sanitaire. Selon une information révélée ce mercredi par Ouest-France et confirmée auprès de BFMTV.com, La République en marche entend organiser son prochain "Campus des territoires" du 11 au 13 septembre prochain, au parc-expo de la Beaujoire, à Nantes. Ce campus est, pour rappel, l'université d'été du mouvement présidentiel, dirigé par Stanislas Guerini.

"La décision n'a pas été prise, elle a seulement été annoncée en bureau exécutif", précise auprès de nous un membre de l'instance dirigeante de LaREM.

Une projection lointaine donc, quoi qu'il en soit, mais qui semble surtout en total décalage avec l'actualité, très peu portée sur la vie interne des partis politiques. À tel point qu'en interne, plusieurs dirigeants de LaREM s'inquiètent, dans le secret des boucles Telegram, de l'impact de cette fuite. 

"Hors sol"

"C'est quoi cette info qui circule sur le campus à Nantes début septembre? Suis pas sûr que cela soit approprié vu le moment", s'y interroge par exemple Arnaud Leroy, membre du bureau exécutif et ex-délégué général du parti.

D'autres abondent dans ce sens. "Pourquoi évoquer un événement collectif alors que nous sommes en plein brouillard? Ça fait 'hors sol' comme dirait nos amis", estime Ilana Cicurel, eurodéputée LaREM.

Le spectre de Steve Maia Caniço

Le commentaire le plus grinçant provient toutefois de Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur et prédécesseur de Stanislas Guerini à la tête du mouvement macroniste:

"Pour info, vu du ministère de l'Intérieur, Nantes est peut-être la ville de France pour laquelle nous sommes les plus réservés pour y tenir le Campus."

Il faut en effet rappeler que, aux yeux de la place Beauvau, Nantes a été le théâtre de nombreuses opérations de maintien de l'ordre controversées. Il y a d'abord eu, dans les environs, l'évacuation de la Zad de Notre-Dame-des-Landes au printemps 2018.

L'année suivante, en pleine polémique sur les violences policières, c'est l'affaire Steve Maia Caniço qui a défrayé la chronique. Dans la nuit du 21 au 22 juin 2019, un jeune homme de 24 ans a disparu en marge d'une intervention des forces de l'ordre. Son corps a été retrouvé dans la Loire un mois après. Cet événement a fait l'objet d'un rapport pointant du doigt le manque de "discernement" du commissaire divisionnaire présent sur les lieux à l'époque.

Pour un membre du bureau exécutif de LaREM contacté par BFMTV.com, il s'agit donc là d'"un désaveu cinglant par le ministre de l'Intérieur, qui montre à la fois l'absence de sens politique et d'anticipation de Stanislas Guerini et de ses équipes".

Mauvais score de LaREM à Nantes

Autre détail gênant: la députée du coin, Sophie Errante, a appris tardivement que le choix se porterait sur la principale ville de son fief. L'an dernier, le Campus s'était tenu à Bordeaux.

"Je n'ai pas été consultée avant la prise de décision", a-t-elle réagi dans la boucle Telegram évoquée plus haut.

Contactée par BFMTV.com, l'élue de Loire-Atlantique précise que l'une des "motivations pour cette destination" provient du fait qu'il s'agisse d'un "des départements les moins touchés par le coronavirus encore aujourd'hui".

"C'est une réflexion très complexe. On doit aussi parler d'avenir, on doit incarner une vision pour sortir de ce moment très difficile pour la France", défend-elle. 

Par ailleurs à Nantes, LaREM a fait un piètre score au premier tour des élections municipales le 15 mars: la marcheuse Valérie Oppelt n'y a obtenu que 13% des suffrages exprimés, loin derrière la maire sortante socialiste Johanna Roland (plus de 31%). Un écart que ne manqueraient pas de souligner les adversaires de la macronie lors du Campus. "J’aurais choisi une ville plus petite, mais qui n’avait plus d’enjeu de second tour aux municipales", reconnaît Sophie Errante.

"C'est à se demander si ce choix n'a pas été fait pour montrer l'incapacité d'En Marche à gagner des villes de plus de 150.000 habitants", ironise par ailleurs un haut cadre du parti.

Un autre, plus optimiste, pense que tout cela pourra être "rediscuté", qu'il s'agisse du lieu ou de la date.

"En tout cas, c'est anormal qu'une info de la sorte soit publique sans avoir été discutée et validée en Burex (bureau exécutif, NDLR). Mais je suis peut-être trop ancien monde", déplore-t-il.
Jules Pecnard