Réforme des retraites: La France insoumise dénonce un projet "injuste, brutal et cruel"

Mathilde Panot entourée de ses collègues à l'Assemblée nationale. - Geoffroy Van der Hasselt
Devant l'Assemblée nationale, devant la presse. Ce mardi, le gouvernement, la Première ministre Élisabeth Borne en tête, a dévoilé au grand jour son projet de réforme des retraites, le principal chantier de l'exécutif en ce début de quinquennat. Avec une mesure phare: élever progressivement l'âge de départ en retraite, pour atteindre 64 ans à l'horizon 2030. Les plans de la majorité ont aussitôt suscité la colère de l'opposition. À gauche, les cadres de La France insoumise ont dénoncé le texte sans ambages.
"Madame Borne n'a honte de rien"
Mathilde Panot, députée élue dans le Val-de-Marne et présidente du groupe des insoumis à l'Assemblée nationale, a d'abord repris les éléments de langage de la cheffe du gouvernement pour mieux les contredire. "Un projet de 'justice, d'équilibre et de progrès'. Euh : NON. Un projet pour faire des économies, archaïque, injuste, brutal, cruel: OUI. Conclusion: Mme Borne n'a honte de rien", a-t-elle tweeté.
Soulignant encore le caractère passéiste et violent du projet gouvernemental selon elle, Mathilde Panot a lancé dans la foulée:
"Élisabeth Borne veut baisser les cotisations des employeurs à la caisse des accidents du travail et des maladies professionnelles. Elle parie sur nos exosquelettes? Bienvenue au XIXème siècle!" L'élue a même évoqué plus loin une "déclaration de guerre sociale".
Jean-Luc Mélenchon dénonce une "grave régression sociale"
S'il ne siège plus au Palais-Bourbon, Jean-Luc Mélenchon est toujours la figure tutélaire de La France insoumise. Il a donc lui aussi pris la parole, et sur le même canal:
"Report de l’âge de départ. Augmentation des annuités. Suppression des régimes spéciaux avantageux. La réforme Macron et Borne c’est une grave régression sociale".
"Sentence"
Députée élue dans le Val-de-Marne, Clémence Guetté a elle aussi fustigé un texte décrit comme injuste, particulièrement pour certains publics. "La Première ministre Borne a donné sa sentence. Et la peine est lourde pour les Français ! Ils devront travailler deux années supplémentaires, jusqu'à 64 ans. Double peine pour les carrières longues et pénibles, pour les femmes", a-t-elle détaillé.
C'est la même image judiciaire de la "sentence" qui est venue à l'esprit de François Ruffin, parlementaire désigné dans la Somme.
"Borne derrière son pupitre: une juge qui annonce la sentence. Elle est tombée : peine de deux ans pour tous les caristes, les femmes de ménage, les auxiliaires de vie, tous les travailleurs qui tiennent le pays debout", a-t-il écrit, prenant les devants du mouvement social qu'il appelle de ses voeux: "Le peuple fera appel dans la rue".
Les insoumis promettent "la bagarre"
Après avoir pointé le "mépris social et démocratique" qu'elle lit dans le projet du gouvernement, Raquel Garrido, élue en Seine-Saint-Denis, a elle aussi invité les Français à descendre dans la rue. Elle a rappelé sur Twitter le rendez-vous parisien fixé par les insoumis au 21 janvier. "Macron n’est pas légitime à imposer cette régression. Il vole du temps de vie aux gens. C’est la bagarre!", a-t-elle plaidé.
Louis Boyard, représentant envoyé par le Val-de-Marne à l'Assemblée nationale, a proposé un cas d'école:
"Imaginez arriver à la caisse du supermarché et voir une personne de 64 ans vous encaisser. Votre mère, votre père. C’est ça la réforme des retraites Macron. Il va y avoir des manifestations, des grèves. La jeunesse, tout dépend de nous. Si on s’y met rien ne peut nous arrêter".
"La bataille jusqu'à la victoire" selon Coquerel
S'exprimant un peu après ses collègues auprès de BFMTV, et à l'issue d'une déclaration des syndicats en faveur d'une journée de mobilisation contre la réforme pour le 19 janvier, Eric Coquerel a pour sa part donné "la priorité" aurassemblement annoncé par l'intersyndicale. Sans exclure la tenue de la marche du 21. " Il y a des rivières qui alimentent ce fleuve syndical", a imagé le député élu en Seine-Saint-Denis.
"On va faire en sorte que tout démarre sur un très haut niveau de mobilisation", a encore promis celui qui est aussi président de la Commission des finances. Sur le fond, il a ajouté: "C'est un projet qui n'est pas démocratique: l'exécutif n'a pas de majorité dans le pays pour ça."
Eric Coquerel a fait preuve d'optimisme avant le combat politique à venir: "On entame une bataille qui va durer un certain temps mais je pense, jusqu'à la victoire, car je pense qu'on va gagner dans l'unité."
Les députés commenceront à discuter du texte en commission à compter du 30 janvier, avant d'y consacrer leurs séances à partir du 6 février. La navette parlementaire occupera ensuite Sénat et Assemblée nationale au printemps, pour une éventuelle entrée en vigueur de la loi que l'exécutif espère pour la fin de l'été. On voit mal en quoi cet intervalle apaisera La France insoumise.
