BFMTV
La France Insoumise

Mayotte: Coquerel juge que "le problème fondamental ce sont les services publics" et non l'immigration

placeholder video
Le président de la commission des finances (LFI) estime sur BFMTV-RMC que "la question migratoire" à Mayotte "est un peu un leurre pour ne pas toucher au problème fondamental", selon lui, celui "des services publics".

Éric Coquerel considère que le gouvernement n'oriente pas sa politique dans la bonne direction concernant Mayotte, ravagée il y a quatre mois par le cyclone Chido, qui a exacerbé les problématiques auxquelles l'archipel était déjà confronté.

Plus précisément, le député insoumis et président de la commission des finances de l'Assemblée avance ce jeudi 21 avril sur BFMTV-RMC que "la question migratoire est un peu un leurre pour ne pas toucher au problème fondamental". Celui des "services publics" et des "équipements en eau".

"C’est un département qui fait partie du pays, de la France, mais qui ne bénéficie pas du tout de ce dont profitent des départements dans l’Hexagone", souligne Éric Coquerel, appelant à l'"égalité républicaine" entre les territoires.

L'exécutif se montre déterminé, ces dernières semaines, à agir sur le dossier migratoire à Mayotte, concernée par une forte immigration venue notamment des Comores voisines.

Au 1er janvier 2024, l'institut de statistiques Insee estimait ainsi la population de Mayotte à 321.000 personnes. Et selon la préfecture du département, citée dans un rapport d'information de l'Assemblée nationale en mai 2023, un peu moins de 50% de la population est de nationalité étrangère. "Entre un tiers et la moitié de la population serait en situation irrégulière", selon la préfecture.

Répartir la pression migratoire "dans tout le pays"

Une proposition de loi de LR a été ainsi adoptée par le Parlement mardi 8 avril, avec le soutien du camp présidentiel, pour restreindre encore un peu plus le droit du sol à Mayotte.

Tandis qu'Emmanuel Macron, présent à Mayotte ce lundi, doit présenter un projet de loi pour "la refondation" de l'archipel, comprenant un volet sur la lutte contre l'immigration clandestine.

Dans le détail, le texte de LR, qui a fait l'objet d'une saisie du Conseil constitutionnel par des députés de gauche, vise à imposer un délai d'un an de résidence à un parent pour que son enfant obtienne la nationalité française.

Cette mesure renforce une dérogation spécifique à Mayotte, qui impose depuis 2018 aux enfants nés dans l'archipel d'avoir un parent résidant régulièrement sur le sol français depuis au moins trois mois au moment de la naissance, pour obtenir plus tard la nationalité française.

Éric Coquerel affiche son scepticisme sur BFMTV-RMC. "Je ne suis pas d’accord que l'acquisition de la nationalité à Mayotte soit différente du reste de la France", dit l'élu de Seine-Saint-Denis.

"Au niveau migratoire, je demande à ce qu'immédiatement les conditions d’obtention de visa quand vous arrivez à Mayotte puissent vous permettre de partir en métropole. Ce qui n’est pas le cas. La pression migratoire, s’il était répartie dans tout le pays (...) elle serait bien moindre pour Mayotte", explique-t-il.

À Mayotte, environ un tiers de la population, soit plus de 100.000 habitants, notamment les personnes en situation irrégulière venant des Comores, vivent dans des logements précaires. Avant le passage de Chido, le taux de chômage atteignait 37% et le niveau de vie restait sept fois plus faible qu'ailleurs en France.

Le cyclone a fait 40 morts et causé 3,5 milliards d'euros de dommages le 14 décembre.

Baptiste Farge