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La France Insoumise

"Ma réponse, ça va pas": tancé par son camp sur le changement de genre, Ruffin veut "progresser"

Le député LFI François Ruffin, le 29 novembre 2022 à l'Assemblée nationale, à Paris

Le député LFI François Ruffin, le 29 novembre 2022 à l'Assemblée nationale, à Paris - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP

Après avoir suscité l'ire d'une partie de son camp jeudi matin en appelant à ne pas "mettre au coeur du projet" de la future présidentielle une loi pour faciliter le changement d'état civil, François Ruffin rétropédale. "Sur ce sujet, comme sur pas mal d’autres, en toute humilité, je dois progresser", admet le député.

Un mea culpa. Après avoir indiqué ce jeudi sur France info ne pas souhaiter de loi pour faciliter le changement d'état civil des personnes transgenres, François Ruffin fait marche arrière et se fend de longues explications sur son compte Twitter.

Le député de la Somme avait été publiquement recadré par plusieurs cadres de La France insoumise.

"Hier matin, dès ma sortie du plateau, j'ai dit à mes collabs: 'Ma réponse sur le genre, ça va pas. J’aurais dû rappeler des évidences'", avance l'ancien journaliste, évoquant notamment "celle de parler des vies blessées par les humiliations".

Les questions sociétales, pas "au cœur de notre projet"

Interrogé sur de futures mesures sociétales en cas de victoire de LFI en 2027 à la présidentielle, François Ruffin avait avancé sur la radio publique que "le cœur du sujet était "le travail, le partage de la richesse, la démocratie".

Relancé, le député insiste ensuite sur la nécessité de "l'apaisement". "Il ne faudra pas faire tout ce qui nous passe par la tête", ajoute encore le parlementaire.

"Pas de loi sur le genre ou la GPA?" demande alors l'un des présentateurs. "Ce n'est pas ce qu'on doit mettre au cœur de notre projet", répond le fondateur de Picardie debout.

"Il y a des gens qui ne voteront pas pour nous mais ils ne sont pas obligés de nous considérer comme des adversaires nés, voilà. (…) À ceux-là, on n'impose pas une humiliation, on ne les méprise pas, on parle avec eux", explique également l'élu.

Des propos loin du programme des insoumis

Problème: dans leur programme de l'élection présidentielle 2022, les insoumis proposent "d'inscrire le droit à l’autodétermination du genre dans les droits humains inaliénables protégés par la Constitution de la VIe République".

Très concrètement, cela signifie qu'il serait possible de changer de genre auprès de l'état civil sur simple déclaration - une demande de longue date des associations LGBT.

La sortie de François Ruffin passe d'autant plus mal qu'elle rappelle des propos tenus par Emmanuel Macron pendant la campagne de 2017 en évoquant les catholiques pratiquants. "C’est ce qui s’est passé avec le mariage pour tous, où on a humilié cette France-là. Il ne faut jamais humilier, il faut parler", avait asséné le futur président dans les colonnes de L'Obs.

"Au mieux maladroit, au pire une faute politique"

La députée Sophia Chirikou, très proche de Jean-Luc Mélenchon, n'a pas tardé à recadrer François Ruffin. "Ce propos, en ce jour, est au mieux maladroit, au pire une faute politique. Comptez sur les Insoumis pour les combats pour la liberté", écrit l'élue parisienne sur son compte Twitter.

Les demandes pour faciliter le changement de genre n'est pas une lutte "sociétale", c'est fondamental", a critiqué de son côté Andy Kerbrat, député insoumis de Loire-Atlantique. "Être LGBT+, c'est toujours la double peine", déplore encore le parlementaire.

"Un idéal qui n'exclut personne"

Manifestement soucieux de faire redescendre la pression, François Ruffin qui est plébiscité par les sympathisants de gauche pour représenter la Nupes lors de la prochaine présidentielle, explique désormais que "sur ce sujet, comme sur pas mal d’autres, en toute humilité", il "doit progresser".

Pour ce faire, il veut "comme c'est sa démarche depuis maintenant 20 ans", en allant "à la rencontre avec les premiers concernés, les premières concernées".

"Je le pense, sincèrement: les gens de notre pays aspirent à une vie digne et apaisée. Avec un travail, des loisirs accessibles, un logement décent, dans une planète vivable. Cet idéal n'exclut personne, sinon, il n'en est plus un", conclut encore François Ruffin.

Plusieurs députés ont salué cette mise au point. "Si seulement tous les responsables politiques pouvaient en faire autant plutôt que de persister dans des maladresses, le débat s’en porterait mieux", a analysé le député insoumis Christophe Bex, l'un de ses proches.

Marie-Pierre Bourgeois