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"Il y a urgence": Boyard alerte Ndiaye sur l'amiante et demande la création d'une commission d'enquête

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L'insoumis a repris les conclusions d'une enquête des équipes de la série "Vert de Rage", diffusée sur France 5. Elle révèle la présence d'amiante dans environ 5500 écoles maternelles et primaires.

"C'est une bombe sanitaire qui vient d'exploser". Le député insoumis Louis Boyard a alerté ce mardi le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. En cause: une enquête des journalistes de la série "Vert de rage", diffusée sur France 5

Elle révèle la présence d'amiante dans de nombreuses écoles maternelles et primaires en France. Ce minéral, utilisé pour la construction de bâtiments, est interdit depuis 1997. Il avait été classé cancérogène en 1977 par le Centre international de recherche sur le Cancer (CIRC).

"Il y a urgence"

"Cette enquête révèle que sur près de 20.000" établissements "passés au crible, 30% sont amiantés", a pointé Louis Boyard. Dans le détail, les journalistes ont recensé la présence d'amiante dans plus de 5500 d'entre eux. Un chiffre qui n'est qu'un indicateur puisque de nombreuses écoles, parmi les 50.000 contactées, n'ont pas répondu aux sollicitations.

"Au minimum, 700.000 enfants sont en danger dans notre pays", a relevé l'insoumis à l'adresse de Pap Ndiaye. Et de poursuivre ainsi:

"Il y a urgence, nous devons savoir combien d'élèves, de collégiens, de lycéens, d'AESH, combien d'ATSEM, combien de personnels des cantines scolaires, combien de personnels des agents d'entretien ont respiré et continueront de respirer de l'amiante".

Responsable des "interventions dans la jeunesse" au sein de La France insoumise, le député du Val-de-Marne, âgé de 22 ans, multiplie les actions sur le sujet. La semaine passée, il a par exemple annoncé le dépôt d'une proposition de loi visant à empêcher la plateforme de streaming Netflix d'interdire le partage de compte.

"Question importante de santé publique"

Sur l'amiante, Pap Ndiaye lui a d'abord répondu que la charge du "bâti scolaire" et du "désamiantage" des "équipements publics" revient aux collectivités. "Néanmoins, le ministère de l'Éducation nationale, par définition, se préoccupe de la santé, de la sécurité de ses personnels et des élèves, et il veille donc particulièrement à ce que les procédures à propos de désamiantage soient effectivement suivies", a ensuite assuré le ministre.

Avant de prendre l'exemple d'une cellule du "bâti scolaire", créée en 2019, qui a publié un guide "à propos du désamiantage de manière à informer les usagers et les collectivités." En conclusion, l'historien s'est dit favorable à "un partage d'informations entre le ministère de l'Éducation nationale" et les "collectivités" afin "d'avancer sur cette question importante de santé publique".

Pas de quoi convaincre son interlocuteur, qui l'a taclé dans la foulée.

"Vous parlez, mais rien ne change, alors que c'est vous qui avez la responsabilité des élèves et des enseignants", a répondu Louis Boyard.

"Omerta"

L'élu réclame des "prélèvements dans toutes les écoles amiantées", une publication des résultats, mais également un "fonds public pour sauver les écoles".

"Vous demandez aux mairies de rénover les écoles, mais vous savez très bien qu'elle en n'ont pas les moyens", a cinglé l'ancien président du syndicat lycéen UNL.

Jugeant que face à l'amiante, "la réponse de l'État, c'est l'omerta", le député a demandé à Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, d'accepter "notre demande de création d'une commission d'enquête".

Pap Ndiaye lui a donné la réplique une seconde fois. Indiquant que le gouvernement est en "lien avec les collectivités" et qu'il travaille sérieusement" sur cette question, le ministre a tancé dans le même temps "le numéro de démagogie" du parlementaire.

"Passivité criminelle"

Invité de BFMTV-RMC ce mercredi, Louis Boyard en a remis une couche. "Moi même, je viens d'un lycée qui a été amianté", a d'abord rappelé ce dernier. "On nous disait "ne vous inquiétez pas, il n'y a pas de risque', jusqu'à ce que de l'amiante tombe dans la classe".

Une façon pour lui de renouveler ses critiques envers Pap Ndiaye, accusé de "passivité criminelle" sur ce sujet, car celui-ci sait "pertinemment que les mairies n'ont pas les moyens de reconstruire les écoles".

Baptiste Farge