"Comme dans n’importe quelle démocratie": Mélenchon plaide pour "un retour aux urnes" après le vote de la motion de rejet

Jean-Luc Mélenchon, le 15 mars 2023, à Chevilly-Larue - EMMANUEL DUNAND / AFP
Défaite pour Gérald Darmanin et déroute pour les macronistes. L'exécutif a essuyé un revers majeur avec le rejet à l'Assemblée nationale du projet de loi immigration ce lundi 11 décembre. "Après un rejet comme celui-ci, cela se traduirait dans n’importe quelle démocratie par une démission du gouvernement, et sans doute par un retour aux urnes", analyse dans une note de blog l'insoumis Jean-Luc Mélenchon.
"Mais nous ne sommes plus vraiment dans un fonctionnement démocratique", lance l'ancien candidat à l'élection présidentielle, qui souligne "l’enfilade des 49.3 sur les deux grands budgets, celui de l’État et de la sécurité sociale".
"D’autre part, nous sommes en monarchie présidentielle. Le ministre Darmanin battu a présenté sa démission mais elle a été refusée", souligne-t-il. Emmanuel Macron a en effet demandé à la Première ministre et au ministre de l'Intérieur de lui faire des propositions pour lever les "blocages" et "aboutir à un texte de loi efficace". Une réunion de crise s'est même tenue à Matignon dans la soirée.
Macron "va vouloir passer en force"
Mais "tout va dépendre du monarque présidentiel et de lui seul", analyse Jean-Luc Mélenchon. "Il va tergiverser des heures durant. Puis il tranchera seul et hors de toute logique de compromis, comme d’habitude. Il ne peut en être autrement".
"Si Macron est certes moins audacieux et plus confus qu'au premier mandat, il n'en reste pas moins toujours aussi absolument imperméable aux logiques de la démocratie parlementaire. Il va vouloir passer en force. C’est-à-dire faire comme si l’Assemblée n’avait pas voté le rejet. C’est ce que signifierait le retour au texte du Senat", poursuit l'insoumis.
Après avoir échangé avec le président de la République lundi soir, Gérald Darmanin a annoncé que le projet de loi ne sera pas retiré. "Ce texte va continuer son chemin constitutionnel", a affirmé le ministre de l'Intérieur.
Deux options s'offrent donc à l'exécutif: le gouvernement renvoie le projet de loi au Sénat pour une seconde lecture ou il convoque une commission mixte paritaire, soit 7 sénateurs et 7 députés chargés de se mettre d'accord sur un texte.
"L’image d’une démocratie parlementaire tortueuse n’arrangera rien dans le contexte glauque du moment. Bien sûr, la vraie solution ce serait le retour devant le peuple souverain", plaide Jean-Luc Mélenchon.
"Mais personne n’imagine Macron tenant compte d’un désaveu de l’Assemblée. Et si ni Darmanin ni Borne ne veulent partir, comme ce serait le cas dans une démocratie parlementaire normale?" écrit l'ancien candidat à l'élection présidentielle. "Alors qu’au moins le texte rejeté par la majorité de l’Assemblée soit retiré!" plaide-t-il.