La bonne étoile de François Hollande

Incroyable cette image hier ! Un président de la République et un ministre de l'Intérieur en même temps sur le terrain pour mener la même bataille. Celle contre le Front national.

François Hollande et Manuel Valls en même temps sur le terrain, c'était voulu par l'Elysée, m'a dit un conseiller. Manuel Valls de toute façon, fait très attention à ne pas faire d'ombre au chef de l'état. Quand François Hollande est allé à Florange, il avait déprogrammé un déplacement pour ne pas brouiller la séquence présidentielle ce jour-là. Cécile Duflot s'en était chargé mais c'est une autre histoire.

Alors mardi François Hollande à Roanne, Manuel Valls à Forbach, visites concertées pour répondre à la colère des Français. Que proposent-ils ? Des résultats ! Valls annonce une nouvelle zone de sécurité prioritaire. Et François Hollande a redit sa volonté d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année. J'ai eu plusieurs députés socialistes au téléphone hier soir. J'ai senti un malaise en parlant avec eux. Ils n'ont même plus envie de commenter l'action du gouvernement. « Il n'y a pas de recette magique pour répondre à la montée du FN », m'a dit l'un d'eux.

Surtout que François Hollande et Manuel Valls ont été rattrapé par la réalité. L'annonce d'Alcatel-Lucent de supprimer 900 emplois en France.

Oui et mardi le flegme de François Hollande détonnait avec l'annonce de la mauvaise nouvelle. Le président ne s'est pas démonté pour confier : « Il y a en ce moment une reprise qui s'annonce ». Au moment où on voit des centaines de personnes sur le carreau. Je peux vous dire que certains membres de son entourage étaient stupéfaits. Mais j'ai mené l'enquête. Mardi, François Hollande était très sûr de lui parce qu'il avait déjà la prévision de croissance du FMI pour la France en 2013. Et elle est meilleure que prévue !

Officiellement les chiffres sont tombés mardi soir, mais le président les avait avant de partir à Roanne. Une prévision de croissance de 0,2% ! Alors que le FMI voyait la France en récession à -0,1%. Un député socialiste m'a dit : « Il avait ce clignotant au vert, il a gardé son cap d'être résolument optimiste ».

On ne gouverne pas avec de l'optimisme ! Mardi soir, plusieurs centaines de patrons réunis à Lyon ont donné un carton jaune au président. « Une taxe tous les jours », on n'en peut plus disent-ils.

Cela va vous paraître totalement déconnecté avec la réalité de ce que vivent les Français, mais François Hollande pilote le bateau France avec une boussole qui s'appelle la baraka. Plusieurs députés socialistes m'ont même confié qu'ils étaient déconcertés par la bonne étoile de François Hollande. L'un d'eux m'a dit : « Quand vous sortez d'un entretien avec le président, vous ne savez plus quoi penser. Le moteur de François Hollande, c'est la foi, la foi en lui ! Qu'importe les mauvais sondages, l'avertissement de la cantonale de Brignoles. Il est comme un chat, il arrive toujours à s'en sortir ». D'après un autre député, il sait que les élections municipales ça va être la bérézina. Mais il voit plus loin : 2017. Si sa bonne étoile n'est pas une étoile filante bien sûr.

Véronique Jacquier