Jacques Chirac était-il vraiment le président le plus populaire de la Vème République ?

INFOGRAPHIES. Après son départ de l'Elysée, la popularité de Jacques Chirac s'est nettement améliorée, faisant oublier ses derniers mois de mandat, où il était pourtant impopulaire.

Aussitôt après l'annonce de son décès, les hommages envers Jacques Chirac ont afflué de tous les bords politiques, de la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, jusqu'à la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, en passant par l'ancien Premier ministre Edouard Balladur.

Si l'hommage apparaît unanime de la part de la classe politique, quelle image garde l'opinion de l'ancien président? Bien qu'il soit très peu apparu publiquement après son la fin de son mandat, Jacques Chirac est rapidement devenu populaire.

Plusieurs sondages le désignèrent même au fil des années comme le président le plus apprécié de la Vème République. La dernière publication de ce type, réalisé par YouGov en septembre 2018, confirmait aussi cette popularité, bien qu'il ne soit plus le "chouchou" des Français.

Le sondage plaçait Jacques Chirac loin devant ses contemporains, avec 48% des personnes interrogées déclarant avoir une "bonne image" de lui. 

Une nouvelle image après la fin de son mandat

Cette popularité s'est construite autour de plusieurs actes fondateurs de ses mandats: les personnes interrogées retenant notamment le refus d'intervenir en Irak, son image "d'ami du monde paysan" ou encore sa "sympathie".

Au fil des années, l'ancien président est même devenu une icône incarnant à la fois le "cool" et le "style" à la française - une mode surprenante quand on se rappelle l'image qu'avait l'ex-Premier ministre à la fin des années 1980.

En effet, en 1988, après sa défaite face à François Mitterrand au second tour de la présidentielle, sa femme Bernadette ira même jusqu'à déclarer: "Les Français n’aiment pas mon mari". Et ce n'est pourtant pas à ce moment-là que Jacques Chirac fut le plus impopulaire.

Une fin de mandat très impopulaire

Certes l'opinion publique retient davantage les moment où la popularité de Jacques Chirac était au sommet - le sacre des Bleus en 1998, la victoire face au Front National en 2002, le refus d'intervenir en Irak en 2003 - mais ce ne fut pas toujours aussi facile pour lui.

En décembre 1995 par exemple, il est plutôt bas dans les sondages (39% de taux de confiance selon Kantar) alors qu'un énorme mouvement de grève paralyse le pays. Dix ans plus tard, lorsque les émeutes se multiplient en périphérie des grandes villes, sa popularité chute à nouveau, atteignant 24% en novembre 2005. 

Comme l'illustre le graphique ci-dessous, toute la fin du deuxième mandat de Jacques Chirac est marquée par cette impopularité.

La confiance dans le président de la République flirte alors avec les taux de François Hollande, atteignant par exemple 16% en juillet 2006 - un niveau historiquement bas, jamais atteint ni par Nicolas Sarkozy, ni par Emmanuel Macron.

Il faut cependant reconnaître que Jacques Chirac était la plupart du temps bien plus populaire que la plupart des présidents, notamment entre 1997 et 2003.

Louis Tanca avec AFP