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"J'ai honte": Robert Ménard "regrette" ses propos "moralement pas bien" sur les migrants

Robert Ménard à l'Elysée le 26 janvier 2022

Robert Ménard à l'Elysée le 26 janvier 2022 - Ludovic MARIN / AFP

Le maire de Béziers qui a tenu des propos sévères sur les migrants syriens en 2015 rétropédale en pleine guerre en Ukraine. "Il n'y a pas deux sortes de victimes: des Européens chrétiens qu'il faudrait défendre et des gens pas européens qui seraient au Moyen-Orient et musulmans, qu'on aurait eu raison de ne pas accepter chez nous. Même Éric Zemmour change d'avis", a-t-il expliqué.

Comme un changement d'époque. En pleine guerre en Ukraine, alors que plus de 2 millions de personnes ont fui leur pays, le maire de Béziers, Robert Ménard, soutien de Marine Le Pen, fait son mea culpa sur l'accueil des réfugiés.

"Je regrette, j'ai honte"

"J’ai dit, écrit, publié à Béziers un certain nombre choses au moment des combats en Syrie, en Irak et l’arrivée des migrants chez nous que je regrette, que j’ai honte d’avoir dit et fait parce que ce n’était pas bien, parce que moralement, c'était pas bien", a expliqué l'élu local sur LCI ce mercredi soir.

Un référendum pour s'opposer à l'accueil des Syriens

En pleine crise migratoire en Europe en 2015, Robert Ménard tenait pourtant un tout autre discours. L'édile avait estimé que sa commune n'avait "pas les moyens d'accueillir de nouvelles personnes, surtout si elles ont vocation à rester par la suite, puisque l'État ne fait pas appliquer la loi en reconduisant à la frontière ceux qui doivent l'être". Il avait également affirmé vouloir refuser la scolarisation des enfants syriens, en dépit de la loi.

Le fondateur de Reporters sans frontières avait même un temps envisagé d'organiser un référendum local pour empêcher l'agrandissement d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile provenant de la jungle de Calais.

Alors que l'édile n'a cessé de vouloir faire l'intermédiaire entre la candidature de Marine Le Pen et celle du patron de Reconquête ces derniers mois, il porte un regard sévère sur les propos de ce dernier.

"Même Éric Zemmour change d'avis"

"Il n'y a pas deux sortes de victimes: des Européens chrétiens qu'il faudrait défendre et des gens pas européens qui seraient au Moyen-Orient et musulman, qu'on aurait eu raison de ne pas accepter chez nous. (...) Même Éric Zemmour change d'avis, lui qui disait ne jamais changer d'avis", explique-t-il.

"Devant le poids de la monstruosité de ses propos, il se rend compte qu'il ne peut pas continuer de le faire", a encore jugé Robert Ménard.

Après avoir lundi 28 février expliqué sur RTL "préférer que (les réfugiés ukrainiens) soient en Pologne" "pour ne pas déstabiliser la France qui est déjà submergée par l’immigration", le polémiste-candidat a changé de discours.

"S'ils ont des attaches avec la France, de la famille en France, nous leur donnerons des visas. Ce que je ne veux pas, c'est qu'il y ait un tsunami fondé sur l'émotion. Je ne veux pas que ce soit comme avec les Syriens quand il y a eu le petit Aylan (un garçon de trois ans retrouvé noyé sur une plage turque en 2015 après la fuite de sa famille depuis la Syrie, NDLR) et on a eu un million, voire plus d'immigrés syriens", s'est justifié le patron de Reconquête sur BFMTV ce mardi.

L'ancien journaliste du Figaro récolte 11% des intentions de vote dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express.

Marie-Pierre Bourgeois