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"Il n'a plus de limite": pour Hollande, "le Trump de 2024, c'est le Trump en 2016 en pire"

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L'ancien chef d'État s'inquiète de la victoire du milliardaire américain, qui fera son retour à la Maison Blanche après avoir remporté l'élection présidentielle ce mercredi 6 novembre. "Tout ce que Donald Trump a promis avec véhémence et brutalité", "il va le faire à l'excès", avance François Hollande.

Une très grande inquiétude. François Hollande est revenu ce mercredi 6 novembre sur la victoire nette de Donald Trump à la présidentielle américaine. L'ex-dirigeant a été réélu haut la main, en remportant largement la plupart des États américains.

"Tout ce que Donald Trump a promis avec véhémence et brutalité pendant cette campagne, il va le faire, à l’excès. Il va tenir toutes ses promesses", a jugé l'ancien président français au micro de BFMTV.

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Avant de lancer: "Le Donald Trump de 2024, c’est le Donald Trump de 2016 en pire. Il n'a plus de limite".

Donald Trump "a l'esprit de revanche"

Redevenu député de Corrèze à la faveur des dernières législatives, François Hollande avait côtoyé son homologue américain quelques mois à peine en 2017, avant de quitter l'Élysée.

Les deux hommes avaient croisé le fer à distance quand Donald Trump avait jugé que "Paris n'était plus Paris" à cause des "terroristes étrangers". François Hollande lui avait ensuite répondu que ce n'était "jamais bon de marquer la moindre défiance à l'égard d'un pays ami".

"Désormais il a avec lui la Chambre des représentants, le Sénat, la Cour Suprême, et pire que tout l’esprit de revanche parce qu’il est certain qu’en 2020 l’élection lui a été volée", a encore analysé l'ancien dignitaire français.

Vers une "future guerre commerciale" entre la France et les États-Unis

Outre la Maison Blanche, les républicains reprennent aux démocrates la majorité au Sénat et pourraient conserver le contrôle de la Chambre des représentants. Avec une majorité conservatrice à la Cour suprême, que Donald Trump avait lui-même façonnée en nommant trois juges conservateurs lors de son premier mandat de 2017 à 2021, c'est le carton plein pour le 47e président des États-Unis.

Il n'est ainsi pas loin d'avoir les pleins pouvoirs, faisant craindre comme l'écrit le quotidien New York Times qu'il ne se transforme en "homme fort". Beaucoup d'experts observent qu'il se sentira les coudées franches, s'entourant aussi de fidèles plutôt que de conseillers à même de freiner ses ardeurs.

"La France et l’Europe vont en payer le prix avec une guerre commerciale, des droits de douane relevés", s'est encore inquiété encore François Hollande, appelant les Européens à "dire à Trump qu'il a plus à perdre qu'à gagner à une guerre commerciale avec nous".

Parmi les sujets chauds sur la table pour l'Union européenne: la hausse promise par Donald Trump de taxer de 10% à 20% les produits étrangers vendus sur le sol américain. Une très mauvaise nouvelle pour le continent européen et notamment la France. En 2022, le commerce bilatéral entre Paris et Washington s'élevait ainsi à 153 milliards d'euros, d'après des chiffres du Quai d'Orsay.

Le RN "va apprendre dans la douleur ce que veut dire le protectionnisme"

De quoi freiner les ardeurs du Rassemblement national en la matière, juge François Hollande. Marine Le Pen avait expliqué en 2018 vouloir s'inspirer des droits de douane fixés par Donald Trump pour les produits chinois avant d'appeler en 2022 à "un renforcement significatif du contrôle de nos importations".

"Les protectionnistes et nationalistes vont comprendre ce que c’est. Ils vont apprendre dans la douleur ce que veut dire le protectionnisme à outrance, quand nos produits ne se vendront plus aux États-Unis", a encore avancé François Hollande.

De quoi pousser la France à se mobiliser. Emmanuel Macron a annoncé qu'il avait "échangé" avec le chancelier allemand Olaf Scholz après l'élection de Donald Trump. pour travailler à "une Europe plus unie, plus forte, plus souveraine dans ce nouveau contexte".

Marie-Pierre Bourgeois