"Il n'a pas insulté les familles de victimes": les Insoumis au secours de Jean-Luc Mélenchon

Faire bloc. Les élus de la France insoumise sont partis à la défense de leur leader Jean-Luc Mélenchon après ses déclarations polémiques de dimanche. Prédisant un "grave incident" dans la dernière semaine de la campagne présidentielle de 2022, le chef de file des Insoumis est accusé d'avoir tenu des propos "indécents" voire "complotistes" sur le plateau de l'émission Questions Politiques.
Se disant victime d'une "odieuse manipulation", Jean-Luc Mélenchon a pu compter ces dernières heures sur le soutien de bon nombre de ténors de son parti, sommés malgré tout d'expliquer les propos flous de leur leader.
"Ça ne sert à rien de faire 24h de polémique sur le sujet"
Pour Antoine Léaument, les choses semblent pourtant claires: Jean-Luc Mélenchon n'a fait que s'attaquer à l'extrême droite qui "instrumentalise" les actes terroristes précédant de quelques jours ou semaines une échéance électorale.
"Il ne fait que dénoncer ceux qui utilisent ces attentats pour faire la guerre civile en France, et l'extrême droite c'est ce qu'elle essaye de faire", soutient sur BFMTV le responsable de la communication numérique de Jean-Luc Mélenchon.
Des explications similaires ont été avancées par Manuel Bompard. L'eurodéputé La France insoumise, invité lundi soir sur notre antenne, se désole que "depuis trois mois le moindre fait divers - aussi dramatique soit-il et je n'en conteste pas la gravité - est instrumentalisé pour hystériser le débat sur les questions sécuritaires".
"Ce qu'il (Jean-Luc Mélenchon, NDLR) avait dénoncé c'était l'instrumentalisation possible, et sans doute certaine, dans la dernière ligne droite des campagnes présidentielles de faits divers ou d'attentats. Point. Ça ne sert à rien de faire 24h de polémique sur le sujet", a poursuivi l'ancien directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon.
Les déclarations de Jean-Luc Mélenchon "ne sont pas complotistes", a assuré de son côté Adrien Quatennens sur BFMTV ce mardi matin.
"Il n'a pas insulté les familles de victimes"
Mais ce qui semble être une évidence pour les Insoumis ne l'a pas été pour le reste de la classe politique, ni pour les proches de victimes des attentats auxquels s'est référé Jean-Luc Mélenchon pour soutenir son raisonnement.
De Latifa Ibn Ziaten à Samuel Sandler et Étienne Cardiles, tous ont condamné les propos de l'Insoumis, certains n'excluant pas d'éventuelles poursuites judiciaires. Pour le parti de gauche, il y a tout simplement méprise.
"Jean-Luc Mélenchon n'a pas insulté les familles de victimes. J'entends tous les marcheurs dire que Jean-Luc Mélenchon a eu des propos infamants pour les victimes mais ce n'est pas vrai!", a assuré ce mardi matin le député FI Alexis Corbière sur Sud Radio.
Adrien Quatennens n'a toutefois pas caché un certain embarras sur Europe 1: "Ca me dérange s'ils sont touchés, choqués par cette polémique, mais je leur demande d'entendre et y compris, s'il le faut, de revoir la séquence de Jean-Luc Mélenchon."
"L'agenda médiatique n'est pas le nôtre"
Si Jean-Luc Mélenchon a renouvelé lundi sa "compassion" pour les familles de victimes d'attentat, force est de constater qu'il a préféré se focaliser sur la vidéo d'un YouTubeur se mettant en scène en train de tirer sur un mannequin censé représenter un électeur LFI. Des images condamnées mais diffusées dans le même temps en direct par Jean-Luc Mélenchon lundi après-midi. Dénoncer une vidéo tout en contribuant à son partage constitue-t-il une faute? Plutôt une nécessité pour Manuel Bompard.
"Est-ce qu'il aurait fallu ne pas en parler? Vous pensez que Jean-Luc Mélenchon a inventé cette vidéo? ", a lancé lundi soir l'eurodéputé sur notre plateau. "Parler à propos de cette vidéo de 'diversion', ou de 'contrefeu', je trouve que c'est extrêmement déplacé."
Les élus LFI réfutent à l'unisson depuis lundi une quelconque diversion de leur part, estimant que les propos tenus dimanche n'ayant selon eux rien de polémique, il n'y a pas lieu d'y prêter davantage d'importance.
"Il faut attendre trois jours le temps du bashing de Mélenchon et puis tranquillement, une fois que ce sera fini, dire qu'il y a un problème avec l'extrême droite qui essaye de nous assassiner? L'agenda médiatique n'est pas le nôtre. Quand il y a des YouTubeurs qui proposent de nous tuer eh bien je suis désolé mais on en parle", développe Antoine Léaument.
Une plainte collective contre la vidéo de Papacito
"Papacito menace de mort les électeurs de Mélenchon sur un ton potache et fascistoïde. C'est une menace, pas un contrefeu!", a aussi appouyé Alexis Corbière ce mardi matin.
"Il y a beaucoup d'émotion aujourd'hui dans le mouvement de La France insoumise de gens qui ne sont pas sereins, qui regardent derrière eux dans la rue quand ils se déplacent", a confié Manuel Bompard, évoquant un climat quasi-anxiogène pour leurs militants sur le terrain.
Adrien Quatennens a indiqué ce mardi matin qu'une plainte collective allait être prochainement déposée contre l'auteur de la vidéo. "Tout cela nous met à toutes et tous une cible dans le dos et à sept millions d'électeurs également", a-t-il estimé.