Hollande sur TF1 : une interview anachronique

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, c'est tous les jours à 8h25 sur RMC. - -
On a coutume de dire que la parole présidentielle est attendue – c’était le cas, hier, au moins sur la Syrie et sur la fiscalité. L’attente a été déçue parce que François Hollande n’a pas dit grand-chose. En fait, sur le fond cette interview n’a rien apporté de nouveau et sur la forme, c’était de l’ancien et même du très ancien : aucune question percutante, pas la moindre contradiction, Claire Chazal l’a laissé survoler les sujets sans rien approfondir. On se serait cru au bon vieux temps de l’ORTF, en plein anachronisme. Ce n’était pas une interview de référence mais une interview de révérence…
>> Faites-vous confiance à François Hollande ?
Contrairement à ce qu
C’est plus que symbolique. L’image de cette grande pièce toute en dorures disait l’essentiel – ce faste monarchique que François Hollande avait promis d’abolir. Dimanche, l’humeur était moins à l’abolition qu’à la restauration (c’était la journée du patrimoine) … Bien sûr, ce n’est pas le cadre qui fait l’interview mais ce que le président dit. Mais François Hollande a trop mis en avant l’humilité, la dédramatisation de la fonction pour qu’on ne lui oppose pas sa pratique. En vérité, il prétendait normaliser l’institution et c’est lui qui s’est normalisé : il fait comme ses prédécesseurs.
Dans ces conditions, faut-il continuer à interviewer le président de la République s
Ce qui est sûr, c’est que cette forme d’interview n’existe pratiquement plus qu’en France. Il y a 20 ans, à l’époque de Maastricht, Mitterrand s’était fait interroger sur Arte par des journalistes français et allemands – les Allemands avaient été stupéfaits d’apprendre que l’Elysée choisissait les interviewers français. Ça n’a pas changé puisque François Hollande choisit le jour et la chaîne – il a remercié Claire Chazal d’avoir « accepté cet entretien », ce qui veut tout dire. Aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, les interviews peuvent se faire dans un cadre choisi par le chef d’Etat, mais le ton est plus sec et les questions plus précises. C’est un exercice plus critique, donc plus démocratique.
Avec tout ça, a-t-on appris quelque chose ou vous diriez que c
François Hollande a affirmé que la pression de la France et des USA avait payé dans la crise syrienne – ce n’est sans doute pas faux. Il a expliqué qu’il n’y avait pas plus d’impôts sous sa présidence que si Nicolas Sarkozy avait été réélu – c’est moins évident. Et puis, il s’est montré optimiste sur la situation économique et le chômage. A ce propos, on peut regretter que Claire Chazal n’ait pas réécouté sa propre interview de l’an dernier : c’est en face d’elle que François Hollande s’était donné un an pour inverser la courbe du chômage, ce qui ne s’est pas produit. Dimanche, François Hollande a pu fièrement annoncer la reprise, mais (au moins) sur le chômage, il aurait mérité d’être… repris.