Hollande regrette de ne pas avoir ouvert la PMA aux femmes célibataires et lesbiennes

François Hollande exprime ses regrets sur la PMA. - Ludovic Marin - AFP
Il y a cinq ans jour pour jour, le 23 avril 2013, le Parlement a adopté le projet de loi Taubira ouvrant le mariage aux couples de même sexe. La loi a été promulguée moins d'un mois plus tard, le 17 mai, sous la présidence de François Hollande. L'ancien chef de l'Etat s'était engagé à faire promulguer cette loi, ainsi qu'à ouvrir la PMA aux femmes célibataires et aux lesbiennes. Mais cette mesure a été abandonnée en cours de quinquennat, après les premières manifestations contre le mariage pour tous.
Un débat "qui a duré trop longtemps"
Dans un entretien publié ce dimanche par Buzzfeed, François Hollande fait part de ses regrets sur la manière dont s'est déroulée cette "bataille parlementaire, médiatique et politique" et sur l'abandon de la PMA en particulier. Sur l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, l'ancien président répond notamment à une accusation souvent faite par les associations LGBT, qui ont regretté que les débats prennent autant de temps, laissant la possibilité aux opposants, citoyens ou politiques, de s'organiser.
"Si j’ai parfois eu un regret, c’est d’avoir laissé le débat durer trop longtemps, presque un an", reconnaît François Hollande. "Autant il était légitime dans la société d’entendre toutes les sensibilités, autant au Parlement il y a eu des manœuvres d’obstruction et de retardement qui ont tendu les relations dans le pays plutôt que de les apaiser", ajoute-t-il.
Sur la PMA, "j'aurais dû franchir cette étape"
Sur la PMA, l'ancien président assume son erreur, et dénonce l"hypocrisie" imposée aux femmes célibataires et lesbiennes souhaitant aujourd'hui avoir un enfant, et contraintes pour cela de se rendre à l'étranger.
"Quand j’ai rencontré des femmes qui m’ont d’abord remercié pour le mariage et l’adoption, mais qui m’ont dit qu’elles avaient trouvé une réponse hors de France, je me suis dit que j’aurais dû aussi franchir cette étape", explique-t-il.
"Ce qui se passe aujourd'hui est une hypocrisie"
"J’ai regretté qu’on ne puisse pas, à la fin du quinquennat, aller dans cette direction parce que ce qui se passe aujourd’hui est une hypocrisie. Bien sûr, des couples de lesbiennes peuvent avoir des enfants, sauf qu’elles sont obligées d’aller en Belgique ou en Espagne, dans des conditions qui ne pas sont respectueuses et qui se révèlent onéreuses", développe François Hollande.
"Je pense que la prochaine évolution, sera tout ce qui se rapportera à la liberté et à la dignité des femmes, et notamment la PMA", avance-t-il aussi, disant ne pas douter qu'Emmanuel Macron mènerait cette réforme à bien, comme il l'a promis à son tour.
Il n'a "pas compris" les propos de Macron devant l'Eglise
Evoquant son successeur, François Hollande précise en revanche n'avoir "pas compris" ses propos devant la Conférence des évêques de France. L'actuel président avait alors évoqué le soutien de l'Eglise aux "familles homosexuelles".
"Qu’il y ait des associations catholiques qui fassent un travail social et humain, c'est incontestable. Mais je n’ai pas compris pourquoi il avait utilisé cette formule. Il n’y a pas de famille homosexuelle, il y a des couples. Je pense que c’était une erreur d’expression parce que lui-même s’est engagé sur la procréation médicalement assistée", nuance François Hollande.