Hollande n’est ni populaire… ni populaire

Hervé Gattegno - -
D’abord, le constat arithmétique : la cote de confiance de François Hollande ressemble à une cote d’alerte. Il est, après 6 mois au pouvoir, le plus déconsidéré des présidents de la Vè République. Il n’a pas eu d’état de grâce : dans tous les pays, les électeurs sont de plus en sceptiques envers les dirigeants – et la crise n’a rien arrangé. Or depuis l’été, sa chute est régulière et abrupte (de 55% à 36%). Donc c’est plutôt un état de disgrâce. Et quand on sait que la popularité des chefs d’Etat est le plus souvent indexée sur les résultats économiques, ça n’augure pas de redressement rapide.
Mais qu’est-ce qui, selon vous, explique une telle dégringolade ? Les bourdes à répétition du gouvernement ?
Il y a une impression de désorganisation qui finit par être anxiogène – la chute de Jean-Marc Ayrault s’explique sans doute aussi par cette série de maladresses et de palinodies. Mais François Hollande paraît moins l’objet d’un rejet que d’un regret. Il n’y a pas d’animosité contre lui, mais ce que révèlent les chiffres, c’est la défection de l’électorat populaire par bataillons entiers. Hormis les chefs d’entreprise (qui n’ont jamais été pour lui), c’est chez les ouvriers et les employés qu’il perd le plus de terrain. C’est pourquoi on peut dire que c’est un président impopulaire qui ne dispose plus – loin s’en faut – du vote populaire.
Est-ce que ça veut dire que ce sont les mesures d’austérité économique qui passent mal ? Est-ce que son électorat attendait une politique plus à gauche ?
Les restrictions budgétaires et les hausses d’impôts sont forcément plus douloureuses pour les plus modestes, qui souffrent le plus de la crise. Le problème de François Hollande, c’est que tout son discours est fondé sur l’idée d’une rigueur juste : des efforts à accomplir, mais principalement demandés aux plus aisés. Souvenez-vous de Jean-Marc Ayrault : « 9 Français sur 10 seront épargnés par les hausses d’impôts ». Visiblement, cette promesse-là ne paraît plus crédible à une majorité de Français – et en tout cas aux catégories les plus modestes. Ça veut dire qu’il y a un ressort qui s’est cassé.
Pourtant, François Hollande n’a pas l’air très inquiet. Il explique dans Le Monde qu’il attend tranquillement la reprise économique, que « c’est une question de cycle ». Il manque de réalisme ?
En tout cas, il ne manque pas de franchise. François Hollande n’est pas un réformateur. Il ne pense pas que la politique sert à changer la vie, ni même la société. Il a une conception assez cynique du pouvoir. Mais c’est aussi un optimiste de tempérament. Tous ses proches le disent : il fait le pari que la conjoncture va se retourner en 2014 et qu’il faut juste faire le dos rond jusque-là. Donc son effondrement dans les sondages ne l’effondre pas. C’est vrai que c’est une forme de méthode Coué. Mais ça ne peut pas être moins efficace que la méthode couac !
Pour écouter le Parti Pris d'Hervé Gattegno de ce jeudi 1er novembre, cliquez ici.